Mobilisation : la gauche (dés)unie pour faire « mentir Macron »

Les groupes de la gauche rassemblée à l’appel d’Olivier Besancenot ont tenu un meeting commun à la veille du 1er Mai à Paris. Mais leurs rangs sont déjà clairsemés.

Agathe Mercante  • 1 mai 2018 abonné·es
Mobilisation : la gauche (dés)unie pour faire « mentir Macron »
© Photos : Michel Soudais

Apporter un soutien aux mobilisations sociales, défendre les services publics et donner le coup d’envoi des manifestations qui se tiendront au mois de mai. Les raisons du « meeting unitaire » donné lundi 30 avril, place de la République à Paris, par neuf organisations de gauche – Ensemble !, Europe Écologie-Les Verts, Génération.s, NPA, Nouvelle Donne, PCOF, PCF, République et socialisme – sont nombreuses.

À la tribune, avant même la prise de parole de quatre responsables politiques, des grévistes, des salariés mécontents venus de l’AP-HP, de la SNCF, de Carrefour, d’Air France, de PSA, mais aussi des magistrats se relaient… « Cette année, Carrefour a reversé 356 millions d’euros aux actionnaires », s’indigne une employée du groupe. « Pour une caissière aux 35 heures, ils comptent lui reverser 57 euros… 57 euros ! », tonne-t-elle. « On est là pour faire mentir Emmanuel Macron, qui, lors de son voyage aux États-Unis, parlait du conflit social au passé ! », indique Olivier Besancenot devant les deux à trois cents personnes présentes place de la République.

« Macron doit être désavoué », renchérit Guillaume Balas, eurodéputé élu sous la bannière du Parti socialiste et désormais membre de Génération.s. « Le gouvernement tente de nous sectoriser pour nous diviser », lance Sandra Regol, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts.

Ne pas froisser les corps intermédiaires

Le message se veut clair : la gauche souhaite un rassemblement de toutes les luttes et sera présente lors de toutes les manifestations du 1er, du 3, du 5 et du 22 mai. « Ce mois de mai, il sera beau ! », scande Olivier Besancenot. « Tous ceux qui se mobilisent dans le pays doivent continuer, doivent généraliser les luttes et doivent s’unir pour gagner », a conclu Pierre Laurent, sénateur de Paris et secrétaire national du PCF.

© Politis

Mais si ce rassemblement est une initiative politique, pas question pour autant d’éclipser les syndicats. « On est là pour appuyer, pour donner la parole à ceux qui luttent », martèle le cofondateur du NPA. Les syndicats – de la CGT à FO en passant par la CFDT ou encore SUD – n’auront pourtant dépêché personne sur la petite scène dressée. « L’idée ce n’est pas de faire front commun avec les syndicats, nous n’avons pas le même rôle », rappelle Fabien Guillaud-Bataille, élu PCF d’Île-de-France. Le souvenir des vifs désaccords entre le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et les grandes centrales lors des manifestations contre les ordonnances sur le code du travail reste dans toutes les mémoires. Pas question, ici, de brusquer les corps intermédiaires. « Nous avons bien sûr prévenu les grandes centrales », glisse Sandra Regol.

La France insoumise, la grande absente

Alors que ces dernières, unies dans les grèves, ne sont pas parvenues à convenir d’un défilé commun pour le 1er Mai, les organisations politiques non plus.

À la tribune, l’animateur lance : « Merci d’être venus à l’appel de douze, non, neuf groupes politiques », se reprend-il. À croire qu’y compris dans les rangs de la gauche, l’union s’effrite. Après avoir tenu un « front commun » durant près d’un mois, Alternative libertaire et le Parti de gauche ont boudé l’événement. Mais c’est avant tout l’absence du groupe parlementaire de la France insoumise qui se fait sentir. « Ceux qui ne sont pas là reviendront », veut croire Olivier Besancenot. « La gauche a besoin d’une unité, sans unité face à Emmanuel Macron, nous ne sommes rien », déplore Gérard Filoche.

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