Italie : Très à droite, le nouveau gouvernement se déchaîne déjà…

Certains de ses membres s’illustrent déjà par des dérapages verbaux des plus inquiétants.

Olivier Doubre  • 6 juin 2018 abonné·es
Italie : Très à droite, le nouveau gouvernement se déchaîne déjà…
© photo : Andreas SOLARO/AFP

Il n’a pas fallu deux jours au nouveau gouvernement italien investi le 1er juin, dirigé par le juriste Giuseppe Conte (en photo) et résultat d’un accord entre la Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S), pour que certains de ses membres s’illustrent par des dérapages verbaux des plus inquiétants. Au soir de sa nomination au ministère de l’Intérieur, le vulgaire et xénophobe Matteo Salvini, leader de la Ligue, promettait de « renvoyer les clandestins chez eux » après avoir qualifié les ONG qui secourent en mer les migrants de « passeurs en second ». Il a surtout précisé les grandes lignes de son action future : « Cinq milliards d’euros sont consacrés à la subsistance de ces milliers de migrants, je voudrais y faire de belles coupes ! » Il compte négocier des accords avec les pays d’origine, les fonctionnaires de son ministère lui ayant expliqué que, sans accords bilatéraux, il serait impossible de dépasser le chiffre des 16 000 expulsions advenues en 2017…

D’autres personnalités « fortes » composent le gouvernement Conte. À l’instar du nouveau ministre de la Famille et du Handicap, Lorenzo Fontana, catholique fervent considéré comme l’un des stratèges de la Ligue, qui veut « renforcer les bureaux familiaux afin de chercher à dissuader les femmes d’avorter », à défaut de voir le droit à l’avortement remis en cause durant la législature à venir. Et, dans une interview accordée au Corriere della sera le 3 juin, il a ouvertement stigmatisé les familles homoparentales et les couples de même sexe : « Aujourd’hui, ces familles n’existent pas dans la loi. […] La famille doit être la famille naturelle, [avec] une maman et un papa ».

Si le M5S compte huit ministères – dont la Défense, la Justice, la Santé, l’Éducation ou le Développement économique, attribué à son leader Luigi Di Maio, également vice-président du Conseil –, la Ligue a réussi à faire nommer ministre de l’Économie un ancien rédacteur du programme de Silvio Berlusconi, Giovanni Tria. Lequel a promis l’instauration d’une « flat tax », prévoyant seulement deux taux d’imposition : 15 % pour les plus bas revenus et 20 % pour les revenus supérieurs à 80 000 euros. Par ailleurs, la Ligue a aussi placé au ministère de la Fonction publique l’avocate Giulia Bongiorno, spécialiste de la « délinquance en col blanc » et ancienne défenseure de Giulio Andreotti (Démocratie chrétienne), lors de son procès pour collusion avec la mafia. Une ministre qui aura sans doute un haut sens de l’État ?

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