Colombie : « Une nouvelle génération politique émerge »
La gauche a réalisé son meilleur score à une présidentielle colombienne. Un acquis à défendre pour la députée María José Pizarro, alors que la droite attaque l’accord de paix avec les Farc. Entretien.
dans l’hebdo N° 1512 Acheter ce numéro

© Juan Torres/NurPhoto/AFP
Le 17 juin, Gustavo Petro recueillait près de 42 % des voix au second tour de la présidentielle face au candidat de la droite dure Iván Duque (54 %), qui succède à Juan Manuel Santos (droite). María José Pizarro, qui l’a soutenu, a été élue députée en mars. Elle est la fille de Carlos Pizarro, ancien leader des guérilleros du M19 assassiné en 1990 par les escadrons de la mort d’extrême droite, alors que le mouvement clandestin venait de déposer les armes.
María José Pizarro s’est investie dans les initiatives de paix et de réconciliation depuis que la politique de « main tendue » de Santos a permis la signature, en novembre 2016, d’un accord de paix avec les Farc, principale guérilla colombienne, actant la fin de décennies de conflit armé. Elle a passé quelques jours en France et en Europe pour y chercher des appuis à l’accord de paix, menacé par Duque, qui veut durcir les conditions de réintégration des anciens guérilleros.
Jamais la gauche colombienne n’avait connu une telle réussite à la présidentielle. Que s’est-il passé avec Gustavo Petro ?
María José Pizarro : C’est un résultat historique, au bout d’une magnifique progression. En six mois, entre la consultation qui l’a désigné comme candidat de la gauche et le second tour de la présidentielle, les intentions de vote en sa faveur ont triplé. Avec plus de 4,8 millions de voix au premier tour, Gustavo Petro a pulvérisé à gauche le précédent record de Carlos Gaviria, 2,6 millions de voix en 2006 (1), puis il a recueilli 8 millions de suffrages