Esclavage moderne, la responsabilité des pays développés

En 2017, plus de 40 millions de personnes étaient victimes de cette barbarie. Le rapport annuel de Walk Free Foundation pointe du doigt les pays occidentaux qui entretiennent ces pratiques.

Malika Butzbach  • 24 juillet 2018
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Esclavage moderne, la responsabilité des pays développés
© photo : STEFANIE GLINSKI / AFP

Il faut le répéter encore et toujours : l’esclavage perdure. Dans son rapport 2018, publié le 19 juillet, Walk Free Foundation avance le chiffre de 40,3 millions de personnes qui sont, dans le monde, victimes d’esclavage moderne. Dans cette notion, l’ONG australienne prend en compte les personnes contraintes à un mariage forcé (soit 15,4 millions) ou à un travail forcé (24,9 millions). Et ces chiffres sont sans doute en deçà de la réalité, compte tenu le manque d’informations sur ce sujet. Soixante-dix ans après son interdiction, dans l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’esclavage est toujours présent. Pire encore, il est entretenu par les pays dits développés.

Un phénomène sous-estimé

Selon l’indice mondial de l’esclavage, que Walk Free Foundation a réalisé avec l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation internationale des migrations (OIM), ces pratiques barbares sont davantage présentes en Afrique, avec 7,6 victimes pour 1 000 habitants, et en Asie-Pacifique (6,1 pour 1 000). Mais les pays occidentaux sont aussi touchés par ce phénomène. Le rapport comptabilise 400 000 personnes concernées aux États-Unis. Un chiffre « sept fois supérieur aux estimations précédentes », peut-on lire dans le rapport.

Idem pour le Royaume-Uni, où « la prévalence de l’esclavage moderne est près de 12 fois plus élevée que ne le montraient les chiffres précédents ». Preuve que ces nouvelles formes d’esclavage sont fortement sous-estimées dans ces pays. En France, on dénombre 129 000 victimes, principalement du proxénétisme et du travail domestique contraint.

254 milliards de dollars pour importer des produits « à risque »

« Les travailleurs forcés produisent la nourriture que nous mangeons, les vêtements que nous portons et nettoient les immeubles dans lesquels beaucoup d’entre nous vivons ou travaillons », affirme le rapport. Car le texte pointe la principale responsabilité des pays du G20 : leur consommation. Chaque année, 254 milliards de dollars de produits, désignés comme « à risque », sont importés. Ceux-ci sont susceptibles d’avoir été conçus dans des conditions qui relèvent de l’esclavage moderne. En premier lieu, les biens technologiques comme les ordinateurs et les téléphones portables (128 milliards de dollars par an). Mais aussi les produits issus de la filière textile, à hauteur de 128 milliards de dollars d’importation. Un scandale qui avait déjà choqué l’opinion publique mondiale lors de l’effondrement du Rana Plaza, en 2013.

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