Assemblée nationale : Le groupe LREM a sa tête des mauvais jours

Le député de Paris Gilles Le Gendre a été élu président du groupe LREM par 157 voix contre 107. Ce qui n’a rien d’un plébiscite.

Michel Soudais  • 18 septembre 2018 abonné·es
Assemblée nationale : Le groupe LREM a sa tête des mauvais jours
© photo : Philippe LOPEZ/AFP

En élisant Gilles Le Gendre à la présidence de leur groupe, les députés de La République en marche ont privilégié la continuité plutôt que le renouvellement que voulait incarner Roland Lescure, 51 ans, élu des Français de l’étranger (États-Unis, Canada) en défendant pour le groupe majoritaire des « règles communes plus souples, plus transparentes et plus ouvertes ». Député de Paris élu en juin 2017, Gilles Le Gendre, 60 ans, l’a emporté au second tour par 157 voix contre 107 (sur 311). Ce qui n’a rien d’un plébiscite. C’est un proche de Richard Ferrand, qui lui avait confié la vice-présidence du groupe en charge de la communication et de la coordination des porte-parole. Dans sa nouvelle fonction, cet ancien journaliste puis entrepreneur devra tenir tête aux chefs de file des autres partis. Mais aussi et surtout faire respecter la ligne fixée par Emmanuel Macron tout en assurant la cohésion d’un groupe pléthorique, peu expérimenté, traversé par des sensibilités sociales et écologiques diverses, et dont une partie ne cache plus son amertume.

Lundi, Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine, a bruyamment claqué la porte pour rejoindre l’UDI en dénonçant un exécutif « aux mains de technocrates hors-sol, voire cyniques », l’absence d’écoute et le caporalisme. « On a le sentiment d’être sur le Titanic », a-t-elle lâché. « Quitter le bateau quand ça tangue n’est pas un acte de bravoure », a commenté son collègue du Pas-de-Calais, Benoit Potterie, contredisant implicitement les éléments de langage officiels de la macronie.

L’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, le 12 septembre, avait déjà révélé la mauvaise humeur d’une partie des députés macroniens, mécontents de se voir imposer un choix par l’Élysée. Avec 254 votes en sa faveur (52,4 % des exprimés), Richard Ferrand n’avait pas fait le plein des voix des 312 députés LREM. 285 étaient présents, selon le groupe, et un nombre non négligeable ont donné leur suffrage au candidat du MoDem, Marc Fesneau (86 voix, alors que son groupe compte 46 députés). Contre la volonté de l’exécutif, dix députés LREM, François-Michel Lambert en tête, ont déposé la semaine dernière, à l’occasion de la nouvelle lecture du projet de loi agriculture et alimentation, un amendement pour interdire le glyphosate « à compter du 1er juillet 2021 ».

Confrontés à de mauvais sondages et au sentiment de n’être que des pions sans réel pouvoir d’influer sur la politique du gouvernement, les députés LREM saisissent tous les moyens de se distinguer. Initialement, ils n’étaient d’ailleurs pas moins de dix candidats à la présidence du groupe. Ce qui n’est pas le signe d’une grande cohésion.

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