PS : Emmanuel Maurel dans les starting-blocks

Député européen sortant, le chef de file de la gauche du PS pourrait rejoindre la liste européenne de La France insoumise.

Michel Soudais  • 12 septembre 2018 abonné·es
PS : Emmanuel Maurel dans les starting-blocks
© photo : Zakaria ABDELKAFI/AFP

Partira ? Partira pas ? Le chef de file de la gauche du PS, Emmanuel Maurel, entretient le suspense. Député européen sortant, il pourrait rejoindre la liste européenne de La France insoumise (LFI), plus conforme à ses convictions. Fin août, il participait à une table ronde sur le libre-échange à l’université d’été de LFI à Marseille, comme en 2017. Ce qui lui a été reproché au sein du PS. « Je réponds à toutes les invitations des partis de gauche », réplique-t-il, en rappelant que sa motion au congrès d’Aubervilliers (18,8 % des voix) défendait sans ambiguïté l’union de la gauche. Dimanche, à l’université d’été de « Nos causes communes », le club créé par son courant et le Mouvement républicain et citoyen (MRC), il a fait un pas de plus vers la sortie en accueillant Jean-Luc Mélenchon. Lequel, très applaudi par les 300 participants, leur a lancé : « Sachez que nous vous attendons, le cœur plein d’espérance et d’allégresse à l’idée des fraternités qui s’annoncent. »

Dans son discours, Maurel n’a pas fait mystère de sa proximité politique avec le chef de file de LFI. Comme lui, il invoque « notre patrie républicaine », juge « préférable d’écouter la colère du peuple plutôt que de trembler devant les marchés et les agences de notation » et rappelle qu’« en démocratie le peuple est le souverain et que son verdict s’impose à tous », tout en rejetant les qualificatifs ordinairement accolés à ces idées : « nationaliste », « populiste », « souverainiste ». Il se réclame de « l’écosocialisme » théorisé fin 2012 par le Parti de gauche, dénonce la « belle arnaque [du] capitalisme vert » et, pour « produire et consommer autrement », défend la nécessité d’« une programmation sur le long terme », ce qui ressemble fort à la « planification écologique » mélenchoniste, et qualifie ses camarades de « têtes dures », expression popularisée par Mélenchon. « Marchez votre chemin », leur conseille-t-il d’ailleurs, reprenant un conseil de François Mitterrand dont Mélenchon s’était réclamé au congrès de Brest, en 1997, quand il s’opposait (déjà) à François Hollande pour le poste de premier secrétaire du PS.

Pour autant, Maurel n’a pas acté son départ. Et se donne encore du temps pour mener la bataille en interne sur le projet européen que le PS défendra aux européennes de mai 2019. Le 18 septembre, le bureau national doit arrêter un texte à adopter en conseil national le 13 octobre, après débat dans le parti. Si ses orientations stratégiques (opposition au Ceta, moratoire sur les traités de libre-échange, désobéissance…) sont balayées, ce qui est probable, Maurel n’exclut pas de constituer un parti qui pourrait converger avec la FI. Ce n’est plus qu’une question de semaines.

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