Une pétition demande le retour des diplômes d’herboriste

Les responsables des ordres luttent contre ces enseignements, supprimés par le maréchal Pétain. Mais de nombreux Français ont pourtant recours à des remèdes à base de plantes.

Claude-Marie Vadrot  • 26 septembre 2018
Partager :
Une pétition demande le retour des diplômes d’herboriste
© photo : CHASSENET / BSIP

Une pétition adressée aux sénateurs, demande une nouvelle fois aux parlementaires et au gouvernement de réhabiliter les métiers liés à l’herboristerie. En rappelant que ce métier d’herboriste et le diplôme qui leur permettait d’exercer légalement cette profession, qui avait la confiance de centaine de milliers de Français, ont été supprimés et donc interdits par une loi du 11 septembre 1941 portant la signature du maréchal Pétain. Un texte publié moins d’un an auparavant, le 7 octobre 1940, à la demande du même chef de l’État français, portait la création du Conseil national des médecins qui deviendra quelques années plus tard l’Ordre des médecins. Ce qui n’est par un hasard puisque cette corporation, imité par l’Ordre des pharmaciens, a toujours lutté contre les herboristes, perçus, y compris de nos jours, comme des concurrents à écarter.

Après la promulgation de cette loi, les herboristes déjà diplômés purent continuer à exercer, mais le temps passant ils ont évidemment disparu. Leurs successeurs, installés dans l’illégalité, ont perdu l’essentiel des droits à vendre des plantes médicinales. Et évidemment, ils n’ont plus le droit d’indiquer sur leurs préparations ou sur celles qu’ils vendent qu’elles peuvent soigner un certain nombre d’affections ou de maladies bénignes. Ainsi, au moins théoriquement, les herboristes d’aujourd’hui n’ont pas le droit de dire ou d’écrire que les tisanes de thym sont un bon et efficace moyen de soigner un rhume ou qu’un autre produit peut soulager un mal d’estomac. Sous peine d’être poursuivis devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie.

Évolution de l’opinion publique

Pourtant, face à l’utilité de ces préparations à base de plantes et à l’intérêt de Français à la recherche de produits qui ne sont pas des préparations chimiques, beaucoup de pharmaciens se sont lancés dans la vente des médicaments naturels. Profitant de cette évolution de l’opinion publique envers les plantes, ils peuvent les vendre à des prix dépassant l’imagination, parce que les prix de ces produits non remboursés ne font l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités sanitaires qui se contentent de vérifier, chez les herboristes, que les mots « médicaments » et « soigner » ne figurent pas sur les emballages, bocaux ou étiquettes.

Les auteurs de la pétition, une nouvelle fois, réclament donc le rétablissement d’un diplôme sanctionnant plusieurs années d’études universitaires. Cela donnerait une garantie aux patients désireux de calmer leurs petits maux du quotidien avec des plantes. Mais, comme lors de tentatives précédentes, les responsables des ordres pourraient bien vouloir maintenir une interdiction qui n’a plus guère de sens lorsque l’on examine les rayonnages des pharmaciens et de boutiques de bio…

La pétition a été signée par de nombreuses organisations dont la Fédération nationale d’agriculture biologique, la Fédération des paysans herboristes, l’école des Plantes de Paris ou Nature & Progrès. Ainsi que par un petit nombre de médecins et pharmaciens.

Santé
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Glyphosate et Union européenne : ça continue, encore et encore
Europe 8 novembre 2023 abonné·es

Glyphosate et Union européenne : ça continue, encore et encore

La Commission européenne a proposé le renouvellement de l’autorisation de cette substance herbicide pour une durée de dix ans. Alors que les scientifiques de la recherche médicale française en pointent les risques sanitaires et pour la biodiversité, la France préconise une nouvelle fois d’attendre des produits substitutifs pour l’interdire.
Par Vanina Delmas
« La quasi-totalité des services d’urgence et des hôpitaux rencontrent des difficultés »
Santé 22 août 2023

« La quasi-totalité des services d’urgence et des hôpitaux rencontrent des difficultés »

Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (AMUF), Christophe Prudhomme, fait le point sur la situation dans les hôpitaux, alors que la France a connu sa journée la plus chaude jamais mesurée après un 15 août.
Par Embarek Foufa
« L’utilité publique » du CHU Grand Paris Nord annulée en justice
Santé 10 juillet 2023

« L’utilité publique » du CHU Grand Paris Nord annulée en justice

Dans une décision rendue ce lundi 10 juillet, le tribunal administratif de Montreuil a jugé que le projet de campus hospitalo-universitaire portait « atteinte au droit fondamental à la protection de la santé ».
Par Nadia Sweeny
Pénurie de pilules abortives : menace sur l’IVG
Santé 17 avril 2023

Pénurie de pilules abortives : menace sur l’IVG

L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament et le Planning familial tirent la sonnette d’alarme sur les soucis d’approvisionnement de traitements abortifs à base de mifépristone et misoprostol et alertent pouvoirs publics et parlementaires.
Par Guillaume Deleurence