L’histoire populaire, un projet collectif
Les historiennes Laurence De Cock et Mathilde Larrère inaugurent ici une nouvelle chronique bimensuelle tournée vers les oubliés du « roman national ». Une mise en lumière des dominations et un outil d’émancipation.
dans l’hebdo N° 1525 Acheter ce numéro

© STF/AFP
Quelle histoire entend-on le plus dans l’espace public ? Celle des grands hommes, des rois, de la civilisation française, de la grandeur de la nation française… Disons le mot : le roman national. Un roman assis sur des décennies de travaux universitaires, qui refuse aux gens ordinaires le récit de leur histoire mais s’impose dans les ouvrages racoleurs d’un Stéphane Bern, d’un Lorànt Deutsch, pire encore d’un Éric Zemmour, et s’invite dans les programmes scolaires en cours de révision.
Pourtant, une autre histoire est possible, souhaitable et même nécessaire, celle à laquelle nous voudrions consacrer la rubrique historique que nous ouvrons aujourd’hui. Ne vous méprenez pas : il ne s’agira aucunement de remplacer un roman national (de droite) par un autre (de gauche), mais de donner à voir l’histoire comme reflet des avancées de la recherche (ses apports, ses débats et ses doutes), et se voulant profondément émancipatrice, c’est-à-dire à rebours de tout endoctrinement, de quelque bord qu’il soit.
La France au miroir des histoires populairesL’expression « histoire populaire », qui fait mouche aujourd’hui – on a même vu paraître une excellente Histoire populaire du football_ (1) –, est assez récente. Elle s’est imposée à la suite du grand ouvrage pionnier de l’Américain Howard Zinn, L’Histoire populaire des États-Unis, publié en 1980, traduit en français en 2002 par les éditions Agone. Le livre, qui a rencontré un immense succès, se place à rebours des grands récits traditionnels des pères fondateurs pour donner la parole aux dominés, aux sans-voix de l’histoire, à ceux d’en bas. L’expérience revisite les poncifs en donnant notamment à voir les souffrances, les résistances et les luttes des populations amérindiennes et afro-américaines. Elle s’inscrit dans le prolongement des travaux de l’historien britannique Edward P. Thompson
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