Un pavillon pour l’Aquarius

La noyade par milliers de femmes et d’hommes vaut largement que nous nous mobilisions totalement.

Pouria Amirshahi  • 3 octobre 2018
Partager :
Un pavillon pour l’Aquarius
© photo : Maud Veith/SOS mediterranee/AFP

Quels sont ces débats glaçants sur l’immigration ? Et cette surenchère de prophéties malheureuses, que dit-elle de nos dirigeants ? Un « appel d’air » ? Une « submersion » ? Un « grand remplacement » ? Voilà donc des naufragés mis en accusation d’être… un problème !

On a beau pointer du doigt l’extrême droite au pouvoir en Italie, en Hongrie, en Pologne, et celle qui partout monte jusqu’à envelopper nos sociétés de son ombre assassine… mais que fait le gouvernement français ? Il accepte du bout des lèvres, après moult honteuses négociations, 16 naufragés par ci, 8 par là…

À lire aussi >> Aquarius : L’odyssée d’un sauveur de vies

On plastronne à la tribune de l’ONU sur le legs français au monde et on mégote sur la vie de milliers d’êtres humains. On procrastine en regardant nos frères et sœurs mourir sous nos yeux (1 260 entre janvier et juillet), tandis qu’on invoque la nécessaire solidarité européenne… On clame qu’il faut agir à la source, sur les causes. Certes. Voire. Mais que ne dit-on sans attendre qu’il n’est rien de plus urgent que de les secourir ? Toutes et tous. Que pour cela il faut dix Aquarius. Maintenant. La noyade par milliers de femmes et d’hommes vaut largement que nous nous mobilisions totalement. En quoi cette cause, concrète, serait secondaire ? Et secondaire de quoi ?

À lire aussi >> À bord de l’Aquarius : « Toutes ces paires d’yeux hagards dans la nuit… »

On nous dit qu’il ne faut pas trop parler des migrants, « ne pas faire les élections européennes » sur les migrants ? Nous n’avons que faire de ces élections à cette heure ! Et d’ailleurs, pourquoi ne pas « trop » en parler ? C’est combien, « trop » ? On clame qu’il ne faut pas laisser le drapeau et « la Marseillaise » à l’extrême droite… et on lui laisserait les migrants ? Eh bien non.

Le Manifeste pour l’accueil des migrants veut rassembler et rassemblera, sans préalable, toutes les personnes de bonne volonté qui veulent que soient sauvées les vies de ces humains embarqués dans les tourbillons des malheurs du monde. Des malheurs liés aux désordres politiques et aux modèles économiques auxquels nos pays d’Europe ne sont pas étrangers. Nos pays, où il est encore des citoyens qui se lèvent pour la fraternité par dizaines de milliers. Il est encore temps qu’on_ change d’avis.

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes
Terrorisme 28 juin 2025

Procès AFO : quand la « peur de la guerre civile » justifie les projets d’actions racistes

De l’instruction à la barre, les 16 prévenus ont constamment invoqué la crainte de la guerre civile qui les a poussés à rejoindre le groupe. Ils ont brandi cette obsession, propre à l’extrême droite, pour justifier les projets d’actions violentes contre les musulmans.
Par Pauline Migevant
Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale
Idées 28 juin 2025 abonné·es

Accélérationnisme : comment l’extrême droite engage une course à la guerre raciale

L’idéologie accélérationniste s’impose comme moteur d’un terrorisme d’ultradroite radicalisé. Portée par une vision apocalyptique et raciale du monde, elle prône l’effondrement du système pour imposer une société blanche.
Par Juliette Heinzlef
« Notre école est le dernier service public du village »
École 26 juin 2025

« Notre école est le dernier service public du village »

Depuis vingt ans, 7 000 écoles publiques ont été fermées. Celle du Chautay, dans le Cher, pourrait également disparaître. Cette école est l’une des dernières classes uniques de ce département rural. Des parents d’élèves, dont Isabelle, ont décidé de lutter pour éviter cette fermeture.
En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion
Asile 26 juin 2025 abonné·es

En CRA, sans traitement contre le VIH, Joes est menacé d’expulsion

Depuis deux mois, l’homme de 23 ans est retenu au CRA de Cornebarrieu (Haute-Garonne), où il n’a pas reçu son traitement contre le VIH. Les associations demandent une réévaluation de son dossier. Politis a pu le joindre.
Par Élise Leclercq