« André Robillard a découvert qu’il était artiste grâce à une carte postale »

Avec André Robillard, en compagnie, Henri-François Imbert dresse le portrait d’un artiste reconnu pour son art brut, vivant depuis des décennies dans un hôpital, et qui doit beaucoup à la psychothérapie institutionnelle.

Christophe Kantcheff  • 13 novembre 2018 abonné·es
« André Robillard a découvert qu’il était artiste grâce à une carte postale »
© photo : André Robillard a notamment conçu des centaines de fusils. crédit : Libre Cours distribution

Dans André Robillard, en compagnie, on voit un fusil géant trôner au cœur de l’hôpital. Son créateur précise : comme « la tour Eiffel à Paris ». Celui-ci est internationalement connu dans la catégorie « art brut ». Il est aussi le plus ancien résident de l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais, où il a été admis à l’âge de 19 ans, en 1949. Henri-François Imbert entretient avec André Robillard une très ancienne relation. Il a déjà tourné avec lui André Robillard, à coup de fusils !, en 1993. Puis André Robillard, en chemin, en 2013.

Ce nouveau film prolonge ce compagnonnage et donne à André Robillard toute sa dimension, sa profondeur. Ce qui apparaît d’abord, c’est un être attachant et singulier, à son aise dans cet hôpital qu’il connaît comme personne, où il a « ses » poules et « ses » roses, et où il s’est épanoui. Le créateur de sculptures représentant des fusils, des spoutniks et des animaux, auteur de nombreux dessins, est aussi devenu acteur dans le spectacle d’Alexis Forestier, Changer la vie, qui lui est grandement consacré, de manière poétique. Le documentariste montre Robillard et Forestier sur scène, précis, solidaires, attentifs l’un à l’autre. C’est d’ailleurs l’une des marques d’André Robillard : tout artiste reconnu qu’il est, il reste tourné vers les autres. Dans une scène très émouvante, une jeune psychotique, suicidaire, faisant sa connaissance, dit : « Il a dû en chier. Il le fait comprendre mais ne le montre pas. »

Ce film révèle aussi l’arrière-plan du parcours extraordinaire de cet homme : la psychothérapie institutionnelle, qui « permet à chaque personne en souffrance de trouver sa place en exerçant un métier, une fonction par laquelle elle [est] reconnue », dit le cinéaste dans une voix off aux accents intimes, comme elle l’était dans Doulaye, une saison des pluies (1999) ou No Pasaran,

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Cinéma
Temps de lecture : 9 minutes