Grand débat et petits calculs
Macron invite les Français à débattre, sauf de lui, sa fonction, son bilan, son cap ultralibéral. Avec l’espoir que deux mois de discussions feront disparaître les revendications des gilets jaunes.
dans l’hebdo N° 1536 Acheter ce numéro

© Hervé Bossy
Drôle d’ambiance pour un débat démocratique. C’est dans un village en état de siège qu’Emmanuel Macron a donné, aux côtés de 600 maires et élus de Normandie, le coup d’envoi de son grand débat national. En prévision de la venue du Président et de quatre ministres dans l’après-midi du 15 janvier, le centre-ville de Grand Bourgtheroulde (Eure) avait été bouclé au petit matin : seuls étaient admis à y entrer les résidents, les parents d’élèves scolarisés dans cette commune de 3 700 habitants et les personnes y travaillant, sur présentation d’un justificatif. Les bâtiments publics avaient été fermés, la distribution et la vente de carburant interdits dans tout le département… Deux jours après la publication d’une « Lettre aux Français » qui cadre et oriente le débat, le chef de l’État voulait surtout « écouter » ce qu’avaient à lui rapporter ces élus, selon l’Élysée. « Écouter, c’est une bonne chose, mais cela aurait été bien que des citoyens soient conviés à cette écoute », a sobrement réagi sur LCI Ingrid Levavasseur, une aide-soignante en gilet jaune de l’Eure.
Alors que les gilets jaunes appellent à un acte 10 de leur mobilisation après la forte participation enregistrée pour l’acte 9 du 12 janvier, cette entrée en matière n’est pas de nature à convaincre que ce « grand débat national » puisse répondre aux aspirations et revendications soulevées sur les ronds-points depuis plus de deux mois, ni permettre, comme l’ambitionne Macron, de « bâtir un nouveau contrat pour la Nation ».
Quelles sont les modalités de ce débat ?
« Je souhaite que le plus grand nombre de Français (…) puisse [y] participer », écrit Macron. D’une durée de deux mois, le débat prendra plusieurs