Guatemala : De la corruption ? où ça ?
Victimes de leur efficacité, des enquêteurs de l’ONU ont été chassés sur ordre du président Jimmy Morales, fortement soupçonné de malversations, à cinq mois d’élections générales.
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Les spacieux bâtiments et leur jardin sont devenus une petite forteresse dressée dans un quartier un peu éloigné du centre de Guatemala Ciudad. La hauteur du mur d’enceinte d’origine, trois mètres, a été doublée par une palissade métallique. L’entrée est gardée par des militaires en armes. Dans la salle d’attente des visiteurs, un panonceau déroule une longue liste d’objets qu’il est interdit d’introduire : téléphone portable, ordinateur, matériel audiovisuel, appareil photo, disque dur, etc. Ici travaille, recluse, la très sensible Commission internationale contre la corruption et l’impunité au Guatemala (Cicig), sous l’égide des Nations unies.
Ou plutôt, travaillait : le 7 janvier, le président Jimmy Morales a décidé de mettre fin à sa mission, accusant la commission d’outrepasser son mandat en intervenant contre la « souveraineté » nationale. Ses inspecteurs ont précipitamment quitté le pays. Ils s’étaient déjà vu retirer leur immunité diplomatique en décembre, avant-dernier acte d’une hostilité dont la scénarisation s’est enclenchée en août dernier : Morales a interdit au magistrat colombien Iván Velásquez, président de la Cicig, de rentrer au Guatemala à la suite d’un déplacement hors du pays.
La crise couvait depuis 2016, quand la mission onusienne a commencé à s’intéresser au frère et au fils du Président, soupçonnés de fraude fiscale et de