Quand les géants du numérique financent les climatosceptiques

Facebook, Google, Microsoft et Amazon ont soutenu la Convention annuelle à Washington d’une association niant le réchauffement climatique.

Claude-Marie Vadrot  • 4 février 2019
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Quand les géants du numérique financent les climatosceptiques
© crédit photo : CHRISTOPH DERNBACH / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE

Alors que les géants mondialisées de l’Internet affichent publiquement et officiellement, de temps à autre, leurs préoccupations pour le réchauffement climatique, Facebook, Google, Microsoft et Amazon viennent de financer la convention annuelle des Étudiants pour liberté, une association libertarienne dont les membres militent à la fois pour la disparition de l’État fédéral et contre l’idée de réchauffement climatique. Tous les sponsors de la convention sont liés à des entreprises et de groupes industriels connus pour leurs oppositions aux scientifiques et à ceux qui tentent de convaincre la population américaine qu’il est nécessaire et vital de réduire les émissions de gaz carbonique.

L’augmentation du gaz carbonique, une bonne nouvelle

Le plus fidèle et le plus connu de ces groupes de pression pro-Trump, est la CO2 Coalition qui a été créée en 2015 pour répandre par le biais d’Internet, de la chaîne de télévision Fox News et de journaux « une bonne nouvelle » à propos de l’augmentation de gaz à effet de serre qui n’aurait rien de catastrophique pour la planète. Cette coalition est notamment financée par une fondation conservatrice et par la Fondation de la famille Mercy qui a donné, au cours des dernières années, des dizaines de milliers de dollars aux think tanks engagés dans le déni du changement climatique.

Avec le soutien de Charles-Koch qui, avec son frère, contrôle, aux États-Unis et dans le monde, des dizaines d’installations de productions énergétiques liées à l’exploitation du gaz de schiste, du pétrole, du gaz et du charbon. Avec en prime des participations à l’oléoduc Keystone XL apportant une partie des produit pétroliers du Canada, dont la construction n’est pas encore achevée en raison des oppositions au Canada et aux États-Unis. Dans les annonces ornant le hall d’exposition de la convention, on pouvait lire sur la profession de foi et dans les brochures de la CO2 Coalition :

Nos vies et notre planète Terre seront améliorées par encore plus de gaz carbonique. Car plus de ce gaz aidera chacun d’entre nous, y compris pour les générations futures et leurs familles, tout en participant à une croissance plus rapide, déjà mesurée, des plantes.

Le CO2, un fertilisant

L’un des intervenants à la tribune, Caleb Rossiter, un enseignant de sciences à la retraite, en a remis une couche, soulevant des salves d’applaudissements quant il a expliqué que « les gaz à effet de serre ont déjà contribué à l’allongement de l’espérance de vie. C’est un fertilisant qui a entraîné un verdissement de l’Afrique et a provoqué un accroissement de la production agricole et, donc réduit la misère humaine (…). Je ne vais donc pas enterrer notre gaz carbonique mais le glorifier ».

Bien que cette convention ait été émaillée de ce genre de déclarations et d’expression de leur sympathie envers Donald Trump, à qui ils demandent de faire mieux et plus contre « les faux prophètes du climat », Google a contribué pour 25 000 dollars à l’organisation des débats, alors que Facebook et Microsoft ont chacun donné 10 000 dollars…

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