États-Unis : nouvelles coupes budgétaires sur le climat

Les jeunes Américains manifestent pour le climat et Donald Trump annonce de nouvelles restrictions dans les budgets pour l’environnement.

Claude-Marie Vadrot  • 14 mars 2019
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États-Unis : nouvelles coupes budgétaires sur le climat
© crédit photo : MANDEL NGAN / AFP

Peut-être pour célébrer à sa manière les manifestations des jeunes et de moins jeunes pour le climat qui se dérouleront ce week-end aux États-Unis, le président Donald Trump vient de proposer pour 2020 de ratiboiser, une nouvelle fois, la plupart des budgets destinés aux organismes scientifiques. Ceux qui touchent de près ou de loin aux recherches climatiques. Il a présenté ces coupes budgétaires à venir sous le titre « Un budget pour une meilleure Amérique » (A Budget for a Better America). Pour tous les scientifiques, il s’agit d’une véritable déclaration de guerre vis-à-vis d’une communauté qui se sait et se sent de plus en plus méprisée et réprimée.

La première institution fédérale menacée est EPA, l’Agence pour l’environnement, qui a déjà souffert de nombreux licenciements et d’une réduction de 25 % de ses crédits après la mise en place de la nouvelle administration de la Maison-Blanche. Cette fois, promet Donald Trump, la coupe budgétaire sera de 31 %. Avec la bénédiction de son nouveau responsable, Andrew Wheeler, surtout connu pour avoir été auparavant un lobbyiste des énergies fossiles, notamment pour le charbon et le pétrole issu de la fracturation et qui vient de déclarer : « Je suis fier des progrès considérables que l’EPA et ses partenaires ont réussi à faire dans l’amélioration de la qualité de l’air, des eaux et des territoires et je pense qu’ils se poursuivront au cours de l’année 2020. » Ce qui revient à oublier que la plupart des textes et lois adoptés sous le règne d’Obama ont déjà été en partie vidés de leur substance sous la pression des milieux industriels et des partisans des énergies fossiles prônant la liberté d’entreprendre sans entraves écologiques. Tout en finançant les groupes de pression qui nient, particulièrement la réalité du réchauffement climatique, y compris sur le territoire des États-Unis.

La nature et le climat sacrifiés

Le Président a ajouté que « cette administration se concentrera ainsi sur son cœur de métier et assurera aux contribuables une meilleure utilisation de leurs impôts et une plus grande efficacité de leur travail ». Cela ressemble à un vœu pieux quand on sait que le total des diminutions budgétaires promises atteindra au moins 650 millions de dollars. Ces coupes concernent le Département des énergies (moins 11%), le ministère de l’Intérieur (moins 14 %) et d’autres agences. Ces restrictions affecteront les recherches et les réalisations en cours sur les énergies renouvelables, sur la protection de l’environnement, sur la préservation de la nature et des espaces et espèces protégés. Sans oublier les campagnes d’observation de l’évolution de la planète menées par la Nasa et l’agence qui surveille les océans (NOAA), qui ne seront plus assurées. Les crédits, déjà réduits une première fois après la dénonciation de l’accord de Paris, qui permettaient aux scientifiques américains de participer travaux du Giec, seront tout simplement supprimés et la présence des États-Unis à la prochaine Conférence sur le climat prévue cette année au Chili sera de nouveau réduite.

Ces suppressions de financements affecteront les milliers de scientifiques qui travaillent d’une façon ou d’une autre pour la diminution des pollutions et contre l’augmentation de la température moyenne de la planète. Mais il n’est pas certain que le Président aura gain de cause face aux députés démocrates désormais majoritaires et aux quelques sénateurs républicains qui commencent à avoir des doutes…

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