Au Soudan, les crimes de guerre n’empêchent pas le business…
Depuis décembre, des manifestations contre le régime d’Omar El-Béchir sont violemment réprimées. Ce qui ne dissuade pas la France et l’UE de tisser des liens de coopération et d’affaires avec le tyran, spécialement sur les questions migratoires.
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Une cinquantaine de personnes s’installent dans le large auditorium habillé de bois de Business France, au 77, boulevard Saint-Jacques, à Paris. Cet établissement chargé de soutenir les investissements français à l’étranger organisait le 12 février un « atelier d’information sur le Soudan ». Un invité, qui requiert l’anonymat, a pu nous raconter de l’intérieur ce meeting pro-business – avec des intervenants venant de loin puisque l’ambassadrice française en poste à Khartoum, Emmanuelle Blatmann, a fait le voyage. L’occasion est trop belle pour vanter, selon elle, « la reprise de la croissance » de ce pays, qui, « en dépit de son image, mérite l’attention de tous ». Notamment celle de son auditoire, constitué de plusieurs banques, dont Lazard Frères, d’entreprises liées à l’énergie, dont Total, de groupes agroalimentaires ou œuvrant dans le BTP, comme Vinci, sans oublier les champions de l’armement et de la sécurité, Airbus et Thales, mais aussi des représentants du ministère des Affaires étrangères et de la délégation de l’Union européenne au Soudan.
Au même moment, la population soudanaise s’apprête à célébrer son deuxième mois de contestation du régime d’Omar El-Béchir, un général de 75 ans arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1989 et visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. Les premières manifestations ont éclaté le 19 décembre à Atbara, au nord, contre la cherté de la vie et le triplement du prix du pain, annoncé la veille par le gouvernement. En quelques jours, c’est le