Europe : Désintoxiquer l’agriculture

En 2016, près de 400 000 tonnes de pesticides étaient encore vendues en Europe. Pourtant, l’attrait pour l’agriculture biologique ne cesse de croître.

Vanina Delmas  • 10 avril 2019
Partager :
Europe : Désintoxiquer l’agriculture
© crédit photo : JOEL SAGET/AFP

La cure de désintoxication n’est pas entamée que les plus dépendants craignent déjà les effets secondaires d’un quotidien sans pesticides. En 2016, près de 400 000 tonnes de pesticides étaient encore vendues en Europe, selon Eurostat. Pourtant, l’attrait pour l’agriculture biologique ne cesse de croître. Les enjeux environnementaux tentent timidement d’orienter les politiques publiques, notamment celle de la politique agricole commune européenne, embourbée dans son modèle datant des années 1960. Mais, pour le moment, le verdissement de la PAC ressemble davantage à un placebo qu’à un traitement radical, voire préventif. La Cour des comptes française a montré que la distribution des aides européennes renforçait les inégalités entre agriculteurs et continuait d’abreuver les grandes cultures de blé ou de maïs, copieusement arrosées de pesticides. À croire que la santé des citoyens passe au second plan…

Dans les négociations à venir après les élections européennes du mois de mai, les positions de l’Allemagne et de la France, deux poids lourds du paysage agricole européen, seront examinées de près. La disparition des insectes semble avoir secoué les esprits germaniques, et l’Hexagone a déjà sevré ses terres non agricoles de tous produits phytosanitaires. Les jardiniers ne semblent pas éprouver de manque. Les espérances se tournent désormais vers cette promesse de bannir l’utilisation du glyphosate dans les champs en 2021. Oh ! surprise ! Les paysans français qui ont sauté le pas avant la prescription du gouvernement n’ont aucun regret.

Écologie
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »
Carte blanche 17 novembre 2025

COP 30 : « Nous, citoyens équatoriens, ne recevons pas la protection qui nous est due par l’État »

En Équateur, les conséquences sanitaires l’exploitation d’hydrocarbure, qui pollue l’air et les eaux, sont connues depuis des décennies. Leonela Moncayo, 15 ans, mène un combat contre ces torchères avec les Guerrières de l’Amazonie. Témoignage.
Par Patrick Piro
COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages
Récit 17 novembre 2025 abonné·es

COP des peuples : un mouvement mondial contre les grands barrages

Organisée à Belém, la rencontre biennale des personnes affectées par les grands barrages a célébré sa structuration à l’échelle mondiale. L’objectif : affronter les nouveaux défis d’une transition énergétique qui, bien souvent, ne fait pas plus cas des populations qu’auparavant.
Par Patrick Piro
Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »
Reportage 17 novembre 2025 abonné·es

Devant une usine de pesticides BASF, paysans, malades et médecins dénoncent « une guerre chimique »

À Saint-Aubin-lès-Elbeuf en Seine-Maritime, une action d’infiltration a été menée ce 17 novembre dans une unité du géant industriel allemand, pour dénoncer la fabrication de produits interdits en Europe, tel le fipronil.
Par Maxime Sirvins
« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier