France Télécom : les documents qui accablent le système Lombard
L’enquête a mis à nu une mécanique mortifère imaginée pour faire maigrir l’entreprise. Elle met la pensée managériale en accusation.
dans l’hebdo N° 1552 Acheter ce numéro

Hors norme par son ampleur et le profil des accusés – sept dirigeants d’une entreprise du CAC 40 –, le procès du harcèlement moral à France Télécom, ouvert lundi 6 mai à Paris, offre également une plongée vertigineuse dans les eaux glaciales de la pensée managériale. À partir de 2001, France Télécom, en voie de privatisation, fait brutalement chuter ses effectifs : 18 % de moins entre 2001 et 2005 et autant escomptés entre 2006 à 2009, pour des salariés en grande majorité fonctionnaires, qui ne peuvent donc pas faire l’objet de licenciements économiques.
Préretraites, mobilités forcées, mutations vers d’autres versants de la fonction publique, démission « négociées » : tout est bon pour « fluidifier l’emploi » et « stimuler les départs » (1), lit-on dans les documents saisis lors des 45 perquisitions conduites en avril et en mai 2012, dont Politis a eu connaissance. Mais il faut aller vite. Le PDG, Didier Lombard, préconise donc « des mesures plus radicales » (2). Des objectifs sans cesse plus élevés sont imposés aux salariés, les « low performers » sont bousculés, les « populations sédentarisées » sont assignées à des tâches dévalorisantes pour « impulser une “déstabilisation positive” » (3) et « tous ceux ayant droit de partir et ne partant pas (ce qui fait partie de leur