Les profs « comme des lions »

Les enseignants se mobilisent contre la loi sur l’école de la confiance de Jean-Michel Blanquer, à l’occasion des épreuves du baccalauréat.

Ingrid Merckx  • 18 juin 2019 abonné·es
Les profs « comme des lions »
© crédit photo : HERMANN CLICK / HANS LUCAS

La confiance peut-elle s’imposer par une loi ? Ça n’est pas un sujet du bac 2019 mais un des intitulés affichés par les enseignants grévistes le 17 juin, jour des épreuves de philosophie. En référence à la loi sur l’école de la confiance qui mobilise enseignants, parents d’élèves et élèves depuis septembre. Ce texte se surajoute aux réformes du lycée et de l’entrée à l’université, qui génèrent beaucoup d’anxiété depuis l’an dernier. « Bloquons Blanquer » se nomme le mouvement soutenu par une large intersyndicale qui rassemble aujourd’hui de la maternelle à la fac les citoyens révoltés par le programme du ministre de l’Éducation. _« D’une cohérence redoutable, annoncé dans son livre L’École de demain, il ne promet rien d’autre qu’une école de la ségrégation sociale », lâche Julien, professeur de lycée à Melun.

Maxime, instituteur de CE2 à Chelles (Seine-et-Marne), ne craint pas d’impact immédiat sur son quotidien de travail, « sauf la mutualisation des auxiliaires de vie scolaire déjà trop peu présentes auprès des enfants handicapés ». C’est l’esprit des réformes Blanquer qui l’inquiète : évaluations orientées dès la maternelle, orientation dès la seconde avec la disparition des filières au profit d’un pack de spécialités selon disponibilités, bac à 40 % en contrôle continu, faisant exploser la logique nationale, sélection à l’université… « Des avancées ont été obtenues : suppression des établissements des savoirs fondamentaux [fusion école-collège], de l’obligation de formation sur les vacances, de l’interdiction de sortie pour les mères voilées et de la menace sur les allocations familiales… » Mais le cadre reste, de même que les EPLEI, établissements internationaux pour l’élite, et l’article 1 qui imposera un « devoir d’exemplarité » aux enseignants, bloquant les rébellions comme cette semaine de « fête à Blanquer ». Des grévistes ont tout de même reçu des appels des renseignements généraux anticipant des blocages, des rappels à l’ordre, voire des convocations des inspections d’académie. Et les parents d’élèves, des emails des chefs d’établissement rappelant l’obligation scolaire.

Mais point de perturbations pour les bacheliers : rassemblements sans blocages, manifestations calmes… Le ministère a annoncé 5,4 % de grévistes dans le second degré le 17 juin. « Attention ! C’est un calcul en fonction du total d’enseignants dans un établissement et non du total de profs convoqués, apprend Julien. Avec le bon calcul, le pourcentage de grévistes monte à 25 % dans mon lycée… » Le mouvement a été reconduit le 18 juin par endroits. Les grévistes marquent par leur détermination : « Affiches, chansons, vidéos, rassemblements… on se bat comme des lions ! » Face à un ministère qui maintient le passage en force.