LR en voie d’extinction

La démission de Wauquiez ne réglera pas la profonde crise que connaît la droite, tiraillée entre Macron et Le Pen.

Michel Soudais  • 5 juin 2019 abonné·es
LR en voie d’extinction
© crédit photo : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Il n’aura tenu qu’une semaine. Dimanche soir sur TF1, Laurent Wauquiez a tiré la leçon de la déroute électorale du parti qu’il dirigeait depuis décembre 2017 en démissionnant de la présidence des Républicains. Son premier réflexe au lendemain du tout petit 8,5 % obtenu par la liste de François-Xavier Bellamy avait été d’annoncer la tenue d’états généraux à la rentrée pour « tout remettre à plat ». Pour nombre de dirigeants et d’élus de droite, ce n’était pas à la hauteur de la débâcle historique des européennes. Les ateliers de la refondation, pilotés en 2017 par Bernard Accoyer, secrétaire général par intérim après le naufrage de la présidentielle, avaient déjà permis d’établir, selon ce dernier, une « liste interminable » d’erreurs, de fautes, de défaillances et de renoncements que Laurent Wauquiez a « laissée sur l’étagère » pour construire « une officine » dédiée à son ambition présidentielle.

Les caciques du parti s’étaient vite ralliés à l’idée du président du Sénat, Gérard Larcher, d’« engager une démarche au travers des territoires pour reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre ». Sous l’apparence d’un retour aux sources, l’initiative vise à réorganiser un parti construit pour la présidentielle autour de ses élus locaux. C’est qu’à moins d’un an des municipales qui décideront du renouvellement du Sénat en septembre 2020, le temps presse. Les maires LR, qui ont vu un peu partout LREM arriver loin devant la liste de leur parti, sont tétanisés. Plusieurs d’entre eux ont vite annoncé qu’ils quittaient le navire, à l’instar du maire de Saint-Cloud, Éric Berdoati, que le départ de Wauquiez n’a pas fait changer d’avis. « Le problème est plus profond », estime-t-il. « Toute la ligne est à revoir », estimait au soir de l’élection un dirigeant de LR en off : « On est conservateurs et identitaires ? Marine Le Pen le fait beaucoup mieux que nous. On est libéraux sur l’économie ? Macron occupe ce créneau. »

Sans ligne, ni leader, le parti créé par Jacques Chirac et renommé par Nicolas Sarkozy n’est plus que l’ombre de lui-même, tiraillé entre les sirènes macroniennes et lepénistes. Ironie du sort, c’est au maire d’Antibes, Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie, que revient la charge d’assurer l’intérim d’ici à l’élection d’une nouvelle direction.

Politique
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