Politis construit son avenir avec vous

Le journal que vous êtes en train de lire reste celui de l’indignation documentée et des rêves argumentés.

Pouria Amirshahi  • 24 juillet 2019
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Politis construit son avenir avec vous

Quel avenir pour Politis ? Comme beaucoup de titres de presse écrite, nous nous interrogeons. Nous le faisons au bon moment car, malgré tout, Politis ne se porte pas trop mal, et d’abord grâce à vous. Notre modèle, qui repose sur une participation majoritaire de l’association Pour Politis – réunissant lecteurs et salariés – au sein du conseil d’administration de la SAS, tient encore. Mais nul n’échappe, Politis pas plus que d’autres, aux grandes transformations du secteur : graves dysfonctionnements et dérives de la messagerie Presstalis (que nous allons d’ailleurs quitter cet automne), fermeture chaque année de plusieurs centaines de kiosques à journaux, nouveaux usages de lecture en partie liés au numérique. Nous devrons faire face et avons d’ores et déjà – dans une procédure originale et exemplaire de collégialité – recruté un directeur, Stéphane Guillerm, pour assurer des missions parmi les plus ingrates et les plus urgentes, et d’abord trouver des sous. Son parcours de gestionnaire dans la presse (notamment à L’Équipe) et son aisance avec les poésies pleines de belles courbes, de graphiques et autres tableaux emplis de chiffres ont plaidé en sa faveur. Bienvenue dans la belle aventure.

Pour ce qui est du contenu, orchestré par le rédacteur en chef, Gilles Wullus, nous tenons à la qualité et assumons nos choix. Parfois en défricheurs, plongeant dans les veines optimistes des sociétés. Ainsi de l’émergence du courant démocrate-socialiste américain, des résistances brésiliennes, du hirak algérien, des vendredistes pour un climat viable, des démonstrations gouvernementales réussies des gauches au Portugal et en Espagne. Ainsi encore, chaque semaine, faut-il le rappeler, des idées, essais, œuvres de théâtre, de cinéma et romans accompagnent nos doutes et permettent aux lectrices et aux lecteurs, du moins nous l’espérons, d’être aux premières loges de la création contemporaine.

Certes, Politis a son lot de mauvaises nouvelles. C’est une mission consubstantielle à notre métier, tel le sapiens qui du haut de son rocher alerte les autres sur les dangers qui arrivent ou sont déjà là sous nos yeux. Comment pourrions-nous relativiser la chasse aux étrangers, aux migrants, aux errants ? Comment ne pas renseigner les citoyens sur ces vies concrètement piétinées par un néo-management dont le fatalisme revendiqué n’est que violence ? Et les maltraitances policières, de plus en plus nombreuses, de plus en plus violentes, de plus en plus assumées… Que faudrait-il taire là-dedans ? La vie des princes et des fortunés ne nous intéresse guère, sinon pour en dénoncer les biens souvent mal acquis. Nous lui préférons la vérité de celles et ceux qui témoignent pour notre époque, la grandeur souvent modeste de celles et ceux qui accueillent l’étranger, la dignité de celles et ceux qui luttent… pour rester dignes, précisément.

Le journal que vous avez entre les mains reste celui de l’indignation documentée et des rêves argumentés. C’est ce qui nous a conduits à solliciter et à accueillir chaque semaine des historiennes et des historiens qui se refusent à l’adoration du roman national ou encore des spécialistes du climat soucieux de montrer les solutions. Nous relayons les cris de rage et d’espoir qui naissent chez Greta Thunberg ou Alexandria Ocasio-Cortez. Ou chez les gilets jaunes. Ou encore chez Marie Toussaint et ceux qui, avec elle, osent attaquer l’État en justice pour inaction climatique. Ou depuis les quartiers populaires.

Politis s’engage, c’est connu, pour que le meilleur de ces luttes, les plus intéressantes des créations, les plus merveilleuses des inventions viennent nourrir un projet politique d’émancipation. Nous appelions cela autrefois le « rouge-rose-vert ». Cela a changé sans doute, même si nous avons composé avec toute cette gamme de couleurs, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann en passant par Manon Aubry et Yannick Jadot. Mais la société mobilisée invente des formes neuves. Nous cherchons avec elle les chemins convergents des femmes et des hommes de bonne volonté qui ne veulent pas se résoudre à un face-à-face mortifère entre néolibéralisme autoritaire et autoritarisme xénophobe.

Notre rôle sur cette route est d’abord de rechercher la vérité des faits et de la dire. Si nous voulons continuer à le tenir, alors il nous faut réfléchir à l’avenir de Politis, à ses formes, à sa capacité de vous surprendre encore, au rajeunissement de son lectorat, à ses alliances aussi avec d’autres titres qui partagent le même socle de valeurs et la même rigueur journalistique. Les citoyens oscillent entre lecture de brèves parfois télégraphiques et recherche de matière pour nourrir l’esprit curieux. Les enjeux sont de taille et méritent que nous trouvions les capacités de nous adresser à tous, et pas seulement à une portion souvent déjà convaincue. Nous aurons plus que jamais besoin de vous pour grandir dans les prochains mois ; de votre soutien renouvelé, de vos parrainages à de nouveaux abonnés, de vos contributions, aussi, à la vie du journal. On ne construit pas de neuf ex nihilo, et c’est d’ailleurs sur vous, vos idées et vos coups de gueule, chères lectrices et chers lecteurs, que s’ouvriront désormais les premières pages du journal à la rentrée. Vous trouverez aussi un billet de la rédaction, à plume tournante, et bien sûr vos lectures préférées. D’ici là, passez le plus bel été possible.

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Temps de lecture : 5 minutes
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