Rêves de comptoir

Dans _Cafés, etc.,_ Didier Blonde nous invite dans les bars qu’il fréquente dans la vie ou au cinéma.

Anaïs Heluin  • 28 août 2019 abonné·es
Rêves de comptoir
© crédit photo : DR

On connaissait jusque-là Didier Blonde comme un pisteur de fantômes, de personnes et de faits tombés dans l’oubli. Versé dans le septième art, il a par exemple écrit sur des figures du cinéma muet. Il est aussi parti à la recherche d’une femme rencontrée il y a longtemps. Lors du tournage d’une scène de Baisers volés en 1968, au café Le Disque bleu, où lui comme la perdue de vue étaient figurants.

Dans Cafés, etc., l’auteur met à nouveau son écriture hybride, entre l’essai et la fiction, au service de l’univers du bar. Renonçant cette fois à toute enquête, il se livre à une promenade très personnelle dans les cafés qu’il aime. Et dresse ainsi un autoportrait pudique où la rêverie se mêle au réel.

Dès la première ligne de son livre, Didier Blonde compare d’ailleurs le café à un roman dont il « prend l’histoire en cours, au milieu d’une phrase ». Et dont il attend « une surprise, quelque chose de nouveau ». Composé de fragments consacrés pour certains à des objets – le ticket de caisse, le verre d’eau, les chaises et banquettes… –, pour d’autres à des souvenirs littéraires ou cinématographiques – on croise Simenon, Sartre et Beauvoir, ou encore le comédien Bruno Ganz –, le texte est à l’image des lieux qu’il décrit. C’est une suite de parenthèses, d’histoires qui peuvent très bien se rencontrer comme rester hermétiques les unes aux autres. C’est un monde d’associations libres, toujours possibles.

En mettant des mots sur ce qu’il vit et pense dans les cafés, Didier Blonde fait un geste beaucoup plus intime qu’il y paraît. En décrivant sa manière d’habiter un espace qui fait partie de son quotidien réel et imaginaire, l’auteur nous mène dans l’antichambre de son écriture. Chose d’autant plus passionnante qu’il le fait avec sa précision et sa finesse habituelles. Avec son acuité de chasseur ­d’invisible.

Cafés, etc., Didier Blonde, Mercure de France, 128 pages, 13 euros.

Littérature
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