Israël, marchand de logiciels espions
Tel-Aviv mise sur le commerce de ses technologies de surveillance afin d’opérer un rapprochement diplomatique avec ses voisins du Golfe. Des outils ensuite utilisés contre opposants et militants.
dans l’hebdo N° 1567 Acheter ce numéro

Un appel manqué ou un simple clic sur un message reçu, c’est tout ce dont a besoin la firme israélienne NSO Group Technologies pour avoir accès à l’intégralité des données numériques contenues dans un téléphone portable. L’entreprise, localisée à Herzliya, au cœur de la « Silicon Valley » israélienne, a développé Pegasus, un programme informatique qui fait les beaux jours de la diplomatie du pays. Pour espionner dissidents, opposants et rivaux, les pétromonarchies du Golfe, avec qui Tel-Aviv resserre officieusement ses relations depuis quelques années, ont fait l’acquisition de ce logiciel espion aux effets ravageurs.
En 2016 déjà, les Émirats arabes unis avaient tenté d’espionner le militant des droits humains émirati Ahmed Mansoor par l’intermédiaire de Pegasus. Plus récemment, c’est le journaliste saoudien critique du royaume Jamal Khashoggi qui avait été placé sous surveillance par ce biais, avant que son assassinat au consulat saoudien à Istanbul ne déclenche une tempête diplomatique à l’automne 2018. Avec l’aval du ministère israélien de la Défense, NSO a fourni son logiciel à l’Arabie saoudite quelques mois avant que le prince héritier Mohammed Ben Salmane n’entame en 2017 sa purge des opposants au régime.
« Le nerf de la guerre avec ce type de logiciel, c’est de trouver une faille dans un système informatique », explique l’ancien hacker activiste Fabrice Epelboin, aujourd’hui