SNCF : La privatisation en bonne voie

La SNCF se prépare à l’ouverture à la concurrence. Un chantier colossal et douloureux pour ce géant qui emploie 260 000 personnes.

Erwan Manac'h  • 2 octobre 2019
Partager :
SNCF : La privatisation en bonne voie
© crédit photo : AFP

Le 1er janvier 2020, la SNCF n’embauchera plus au statut de cheminot, essuiera les plâtres d’une architecture entièrement revue et accélérera les grands travaux sociaux qui doivent la préparer à l’ouverture à la concurrence, effective pour les voyageurs à partir de décembre 2020. Un chantier colossal et douloureux pour ce géant qui emploie 140 000 personnes sur tout le territoire (260 000 en comptant les filiales).

Ce basculement sonne aussi l’heure de vérité dans un débat qui oppose les adeptes d’une concurrence souvent artificielle aux défenseurs d’un service public fragilisé et ringardisé depuis des décennies. Une bataille perdue par la gauche, les cheminots, et demain par les usagers ? Le réseau saturé et vieillissant sera en tout cas passé au crible d’une logique comptable qui imposera « productivité » et « marges opérationnelles » sur chaque centimètre de voie ferrée. Dans ce contexte, rien ne semble en mesure de pouvoir sauver les petites lignes, les vieilles gares et l’esprit cheminot, qui façonnaient notre rapport particulier au train.

La grande transformation comporte déjà son lot de surprises et prend des airs de revanche contre un corps social remuant et impertinent qui a longtemps donné le la des luttes sociales en France. L’échec de la politique d’ouverture à la concurrence en vue de redresser un fret ferroviaire moribond offre la démonstration qu’en matière de train, avec ou sans concurrence, c’est la volonté politique et l’investissement public qui sont par-dessus tout déterminants. Un ingrédient qui fait du rail français un dossier symptomatique des écueils des politiques libérales, à l’heure où la question climatique s’impose pourtant dans les discours politiques de tous bords.

Économie
Publié dans le dossier
SNCF : Au bord de la falaise libérale
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Pourquoi la « TVA sociale » est un danger pour la Sécurité sociale
Analyse 2 juin 2025 abonné·es

Pourquoi la « TVA sociale » est un danger pour la Sécurité sociale

Diminuer les cotisations patronales pour augmenter la taxe sur la consommation. Cette nouvelle lubie du gouvernement bouleverserait le financement de la protection sociale, au risque d’accroître les inégalités.
Par Pierre Jequier-Zalc
Services publics : radiographie d’un désengagement
Infographies 2 juin 2025 abonné·es

Services publics : radiographie d’un désengagement

Fermetures, suppressions, éloignement : les services publics disparaissent peu à peu du quotidien. Une tendance à découvrir en infographie sur trois secteurs.
Par Maxime Sirvins
Papeterie Chapelle-Darblay : l’usine est prête, l’État encore absent
Reportage 27 mai 2025 abonné·es

Papeterie Chapelle-Darblay : l’usine est prête, l’État encore absent

Tous les voyants sont au vert pour relancer la structure, fermée en 2019. Mais sans le prêt promis par l’État, rien ne peut redémarrer. L’ultime délai accordé par l’industriel repreneur est désormais dépassé. Syndicats, associations et élus locaux lancent un dernier appel à un gouvernement toujours mutique. Reportage.
Par Thomas Lefèvre
Choose France : toujours plus d’argent, toujours si peu d’emplois
Décryptage 27 mai 2025 abonné·es

Choose France : toujours plus d’argent, toujours si peu d’emplois

Derrière les 20 milliards d’euros d’investissement annoncés par Emmanuel Macron se cache une crise de l’industrie jamais abordée par le sommet Choose France. Le sommet est peu créateur d’emplois, alors que les plans sociaux se multiplient ces dernières années.
Par Paul Hetté