Un débat fourre-tout et dangereux
Après des semaines de désinformation, le gouvernement a offert à l’Assemblée nationale le spectacle affligeant de sa duplicité, et un mégaphone aux pires surenchères anti-immigrés.
dans l’hebdo N° 1572 Acheter ce numéro

Tout ce ramdam pour ça ? Lundi soir, à l’issue du débat voulu par le gouvernement sur la politique migratoire de la France et de l’Europe, qui aura occupé près de cinq heures durant l’Assemblée nationale, l’utilité de cette discussion sans texte ni vote suscitait encore moult interrogations. Il n’est pas question de nouvelle loi, a confirmé Édouard Philippe avant d’affirmer en conclusion que l’exécutif entendait « utiliser les textes à venir » pour « traduire, mesure par mesure, ces décisions en actes ». Mais quelles décisions ?
En introduction au débat, le Premier ministre s’est contenté d’esquisser « six orientations » visant à durcir la politique migratoire. Orientations que les ministres qui intervenaient à sa suite n’ont guère précisées. Soit qu’ils doutent de leur pertinence. Soit, l’hypothèse a été avancée par Jean-Luc Mélenchon, qu’ils se soient eux-mêmes « effrayés des conséquences de ce [qu’ils avaient] déclenché ».
Car depuis qu’Emmanuel Macron a enjoint à ses troupes de disputer à Marine Le Pen le sujet de l’immigration, que n’a-t-on entendu. Pour les chaînes d’info, qui n’ont pas raté l’occasion d’organiser des débats sur la stratégie du Président, il était temps que ce dernier se saisisse du « problème ». Sur BFMTV, c’est Éric Brunet qui agitait les peurs en évoquant « 400 000 entrés en