Julien Bayou décroche le premier rôle

Étoile montante depuis dix ans, le militant prend la tête du parti pour faire avancer « l’écologie au pouvoir ».

Agathe Mercante  • 4 décembre 2019 abonné·es
Julien Bayou décroche le premier rôle
© GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP

Les discussions n’ont pas été faciles. Au terme de deux semaines d’âpres négociations entre les principales motions présentées au congrès d’Europe Écologie-Les Verts, le parti a désigné Julien Bayou comme secrétaire national, le 30 novembre à Saint-Denis. Son texte, « L’écologie au pouvoir, grandir ensemble pour gagner enfin », était arrivé majoritaire au soir du premier tour, le 16 novembre, raflant 43 % des suffrages des militants. Loin devant celui de l’ancienne députée de l’Essonne Eva Sas, « Le temps de l’écologie » (26,2 %), celui du secrétaire national adjoint Alain Coulombel (21,5 %) et de celui de Philippe Stanisière (8,5 %). En son intitulé, le texte vainqueur résume bien la carrière de Julien Bayou. Né en 1980, il grandit à Paris et suit un parcours assez classique pour un enfant de la capitale : petits boulots pour arrondir les fins de mois – « je vendais des Dragibus à côté du Gibus [un club indé’ à côté de la place de la République] » –, institut d’études politiques de Strasbourg, puis Sciences Po Paris, où il fait un DEA en économie internationale. Engagé, il rejoint la Coordination SUD pour laquelle il est chargé de mission pour l’Afrique. Mais coordonner les ONG de solidarité internationale ne lui suffit pas. En 2005, il participe à la fondation du collectif Génération précaire et obtient, dans la foulée des grèves contre le CPE, la rémunération des stages d’une durée supérieure à 3 mois ; puis il co-fonde le collectif Jeudi noir, qui lutte contre le mal-logement à Paris et squatte des immeubles vides.

Un burn out plus tard, Julien Bayou se rapproche des écologistes en 2009, à l’occasion des européennes. « J’étais dernier sur la liste, mais cela m’a permis de comprendre comment se passait une campagne. » À son arrivée il surprend, tant sur le fond que sur la forme. « C’est un mec charmant, imaginatif, actif… un gros bosseur », dit de lui Mounir Satouri, pourtant engagé aux côtés d’Eva Sas au dernier congrès et fervent soutien de Yannick Jadot. Les Verts devront composer avec cet activiste aux allures d’« adolescent romantique », comme le décrivent Les Inrocks dans un portrait en 2013. Déjà, à l’époque, il incarne la génération montante, fortement marquée à gauche. « Il a tiré tous les fils qui pouvaient servir à lutter contre les inégalités sociales et environnementales », explique Sandra Regol, qui était co-porte-parole avec lui sous la mandature du secrétaire national sortant, David Cormand. « Son approche est plus sociale, mais c’est un écolo “++” », promet-elle. Écologiste convaincu, Julien Bayou est toutefois bien différent de l’eurodéputé Yannick Jadot, avec qui les relations n’ont pas toujours été simples_. « L’un est un activiste, l’autre un environnementaliste,_ résume Sandra Regol, mais à la fin, on a tous atterri au même point. »

Deux profils qui devront pourtant travailler de concert pour « gagner enfin ». Du côté des soutiens de Jadot, les inquiétudes semblent loin. « C’est quelqu’un qui a le sens du collectif », explique Mounir Satouri, fraîchement élu député européen, mais auparavant président du groupe écologiste à la région Île-de-France. Conseiller régional depuis 2010, Julien Bayou a été défait aux législatives de 2017 à Paris dès le premier tour, et refusé cette année par les militants de Paris pour porter la candidature écologiste aux municipales de mars 2020. Lui-même se résume aussi par ses échecs et ses « flops » militants. Lancée à la suite du mouvement Nuit debout (2016), l’initiative « Mon revenu de base » n’a, par exemple, pas eu l’écho escompté, tout comme son rapprochement avec Yánis Varoufákis, l’ancien ministre des Finances grec.

Hyperactif et touche-à-tout, Julien Bayou envisage le monde comme une immense galaxie militanto-politique dans laquelle il navigue… Et pas toujours à vue. Naguère activiste, il est désormais volontiers dépeint comme un bureaucrate. Homme de réseaux, héritier politique – deux de ses grands-parents étaient élus locaux –, il a su s’imposer à la tête du parti, non sans les appuis de ses proches. Le PS a eu ses « quadras », au tour d’EELV : Julien Bayou, Marie Toussaint, Charlotte Soulary, Sandra Regol, Stéphane Pocrain sont désormais aux manettes. En chemise, rasé de près ce 30 novembre au congrès, Julien Bayou, l’éternel jeune premier, a enfin décroché un premier rôle.

Politique
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