Mort au patriarcat, pas au climat !
Du mouvement antinucléaire à la lutte contre la déforestation, l’écoféminisme s’est ancré dans des combats écologistes importants, mais n’a pas encore vraiment émergé en France.
dans l’hebdo N° 1582-1584 Acheter ce numéro

Le 17 novembre 1980, deux mille femmes convergent en direction du Pentagone pour encercler ce bâtiment abritant le commandement militaire des armées américaines. Elles s’enchaînent aux grilles, les cadenassent, les décorent et réalisent des rituels de deuil au rythme des chants, des cris et du son des tambours… Quatre marionnettes géantes symbolisent leurs émotions : la colère, la tristesse, la joie et le deuil. Elles déclarent : « Nous nous rassemblons au Pentagone car nous avons peur pour nos vies. Peur pour la vie de cette planète, notre terre, et pour la vie de nos enfants, qui sont notre avenir humain […]. Nous sommes entre les mains d’hommes que le pouvoir et la richesse ont séparés non seulement de la réalité quotidienne mais aussi de l’imagination. »
Issues des mouvements pacifistes, du féminisme et d’organisations écologistes, les femmes du Women’s Pentagon Action dénoncent, par cette opération radicale et visuelle, le programme militaire du président Reagan et l’accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island l’année précédente (1). Initiant un mouvement de mobilisations antinucléaires qui s’étendra sur une dizaine d’années.
En 1981, en Angleterre, des femmes installent un campement de protestation pacifique, non mixte, sur la base de Greenham Common, où l’Otan voulait installer des missiles nucléaires. Pendant dix-neuf ans, elles ont inventé des modes d’action directe artistique et essaimé leurs idées ailleurs en Europe, aux États-Unis, en Australie, dans le contexte particulier de la guerre froide.
Progressivement, ce mouvement prend le nom d’écoféminisme. Personne ne se risque à en donner une définition exhaustive et immuable car, comme pour le féminisme, des nuances existent : écoféminisme essentialiste et constructiviste, universaliste et différentialiste, matérialiste et spirituel… Mais un constat fait l’unanimité depuis une quarantaine d’années : il est
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