La vidéosurveillance sert surtout à faire campagne
En un mandat, le maire de Toulouse a installé des centaines de caméras en ville et en promet davantage. Mais, là comme ailleurs, leur efficacité pour lutter contre la délinquance n’a jamais été démontrée.
dans l’hebdo N° 1593 Acheter ce numéro

Le calme règne derrière les yeux de la Ville rose. Dans le quartier Saint-Cyprien à Toulouse, se planque le centre de supervision urbain (CSU). En son sein, deux hommes et deux femmes – polaire bleue sur le dos floquée « opérateur vidéo » – font face à un mur de 33 écrans plats. Chacun de ces écrans peut se scinder en quatre pour afficher les images des 402 caméras de la ville. Mais exit l’imaginaire d’un centre de commandement en pleine effervescence. Ici, le cliquetis des souris d’ordinateur morcelle le silence ; quelques échanges et de rares plaisanteries entre collègues entrecoupent la concentration. Certes, nous sommes vendredi après-midi, donc pas de gilets jaunes à l’horizon ni de noctambules avinés.
Un jeune homme dans un renfoncement attire le regard d’une opératrice. Elle se saisit d’une manette de contrôle et zoome. La silhouette d’abord lointaine remplit aussitôt l’écran. Sans perte de qualité d’image, l’homme devient alors identifiable. Surtout, devant la paire d’yeux attentifs, il roule un joint. L’observatrice se saisit de la radio et lance un appel : indications géographiques, style vestimentaire, couleur de peau ; une patrouille, vite. « Ça fait plusieurs minutes qu’il effrite, je le garde en visuel », lance-t-elle avant de raccrocher. Neuf groupes de quatre employé·es de la mairie se relaient pour scruter les écrans de jour comme de nuit, tous les jours de la semaine.
« Il faut pouvoir observer en direct, sinon ça ne sert à rien », insiste Yannick Cheveau, directeur du pôle fonctionnel de la police municipale. Attablé à la cafétéria du CSU – une