Un autre cinéma

Notre Voyage autour de nos chambres #16 vous amène à découvrir les formes les plus expérimentales du septième art en explorant les catalogues de Re:Voir et du Collectif Jeune Cinéma, deux structures de référence dans cette zone de grande effervescence.

Jérôme Provençal  • 6 avril 2020
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Un autre cinéma
© Photo : D.R.

Avec la mise en confinement d’une bonne partie de la population mondiale, le temps passé chaque jour devant les écrans augmente inévitablement et les grandes plateformes de streaming audiovisuel bénéficient largement de la situation, à commencer par le mastodonte Netflix, de plus en plus écrasant…

Alternative radicale

Qui, dans l’immense océan d’Internet, cherche une alternative radicale à ces envahissants robinets à images (et sons) peut notamment se diriger vers le site de Re:Voir. Spécialisé dans le cinéma expérimental, cet éditeur vidéo parisien a pour vocation _« de rendre accessible au plus grand nombre un cinéma incroyablement riche et divers » en faisant (re)découvrir des œuvres majeures dans les meilleures conditions possibles. Chaque DVD est ainsi accompagné d’un livret avec des textes informatifs ou analytiques.

Depuis 2014, Re:Voir rend également une partie de son (dense) catalogue accessible à la vente ou à la location via une plateforme spécifique. Cadeau spécial confinement : jusqu’au 10 avril, chaque jour un film est mis gratuitement à disposition pendant 24 heures. Figurent encore au programme _L’Enfant secret (1979) de Philippe Garrel, Un Rêve solaire (2016) de Patrick Bokanowski (éminent représentant du cinéma expérimental en France), Once Every Day (2012) de Richard Foreman, Sleepless Nights Stories (2011) de Jonas Mekas et Octobre à Madrid (1967) de Marcel Hanoun.

Archipel miroitant

Autre défenseur (et diffuseur) majeur de films en rupture avec les codes dominants, le Collectif Jeune Cinéma – en activité sous des formes variables depuis 1971 – propose, quant à lui, de découvrir 250 films de son (tout aussi dense) catalogue durant la période de confinement – et même au-delà, pour une partie des films. Composé avant tout de courts et moyens métrages, aux esthétiques très variées, ce florilège constitue un archipel intensément miroitant et ouvre un horizon audiovisuel infini.

Parmi les films présentés, citons par exemple Eastern Avenue (1985) de Peter Mettler, superbe road-movie impressionniste (le cinéaste helvético-canadien filmant paysages et visages avec une même frémissante acuité de regard), Action érotico-patriotique (1979) de Bernard Roué, court métrage réalisé à partir d’un sulfureux happening de l’artiste Michel Journiac, Je me souviens de Sunderland (2017) de Félix Fattal, envoûtant poème filmique à forte teneur mélancolique, Bienvenue! Va crever! (2001) d’Yves-Marie Mahé, fulgurant prototype de cinéma détourné, ou encore Scène de ménage chez les gauchistes (1979) de – et avec – Pierre Merejkowsky et Laure Trouchet, délectable dispute en chambre post-soixante-huitarde – et parfait film de confinement.

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Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes
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