Bolsonaro accusé de génocide
Covid minimisé, mesures entravées, déforestation… L’attitude du Président est vue comme une attaque délibérée à l’encontre des peuples autochtones, très affectés par le virus.
dans l’hebdo N° 1619 Acheter ce numéro

© CARL DE SOUZA / AFP
L’apostrophe a suscité des remous au Brésil. Début juillet, Gilmar Mendes, président du Tribunal suprême fédéral, plus haute instance judiciaire du pays, interpelle durement l’armée, « qui s’associe à ce génocide ». C’est d’abord le gouvernement Bolsonaro qu’il vise. En avril, déjà, il mettait en garde le président, « que la Constitution n’autorise pas à adopter des politiques génocidaires, qui affectent de manière cruciale et globale la vie des gens ». Jair Bolsonaro, réfutant les mesures de distanciation ainsi que le confinement, chantre de la controversée hydroxychloroquine, a provoqué la démission de deux ministres de la Santé. C’est aujourd’hui un général sans expérience sanitaire qui est en poste, entouré de nombreux militaires.
Le Brésil comptabilise à ce jour 4,3 millions de cas de Covid-19 et 132 000 morts, mais les statistiques sont notoirement sous-estimées. Alors que le système de santé du Brésil est réputé le meilleur du sous-continent, le gouvernement aurait pu éviter 90 % des décès, affirment des médecins.
La désinvolture avec laquelle Bolsonaro considère l’épidémie depuis le début, priorisant l’activité économique au détriment des mesures sanitaires, a suscité plusieurs saisines du procureur général de la République, mais sans succès. Aussi trois plaintes ont-elles été déposées auprès du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye pour « crime contre l’humanité », par une association de juristes