Gilles Raveaud : « Le gouvernement ne s’intéresse qu’aux entreprises »
Bien qu’inédit par son ampleur, le plan de relance du gouvernement actionne des leviers déjà éculés, déplore l’économiste Gilles Raveaud.
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© Eric PIERMONT/AFP
Le pêle-mêle d’aides économiques que le gouvernement doit détailler le 3 septembre prolonge une séquence économique inédite. L’exécutif fait néanmoins fausse route en misant, encore et toujours, sur le seul secteur privé pour soutenir l’économie, estime Gilles Raveaud.
Le gouvernement s’apprête à déverser 100 milliards d’euros sur l’économie française, via divers instruments. Est-ce une bonne nouvelle ?
Gilles Raveaud : Il faut reconnaître que les sommes débloquées pour faire face à la crise sont considérables, que ce soit par les prêts garantis par l’État, le chômage partiel ou aujourd’hui le plan de relance. L’erreur du gouvernement, toutefois, est de ne s’intéresser qu’aux entreprises. Sa myopie trahit d’ailleurs, selon moi, une perte de connaissance -économique qui est générale, y compris à gauche, depuis quarante ans. Les bases du raisonnement keynésien ne sont plus enseignées, les gens ne comprennent pas comment fonctionne l’économie. Par exemple, le gouvernement annonce une prime pouvant aller jusqu’à 4 000 euros pour l’embauche d’un jeune, quel que soit son profil, y compris s’il sort de Polytechnique. C’est une folie, car les entreprises n’embaucheront pas davantage, tout simplement parce que la demande et l’investissement sont insuffisants. Keynes le disait en son temps : même si votre salarié est gratuit, c’est la demande qui va déterminer le fait que vous embauchiez ou non. Il décrivait dans les années 1930 une situation parfaitement comparable à celle que nous