Les juges en guerre pour leur indépendance
L’enquête administrative lancée par le ministre contre trois magistrats du parquet national financier a mis le feu aux poudres. Parquetiers et magistrats du siège exigent des garanties.
dans l’hebdo N° 1621 Acheter ce numéro

A ssis, debout, mais pas couchés ! » s’époumone un groupe en robes noires et rouges devant le tribunal judiciaire de Paris. Il y a quelque chose d’à la fois rassurant et de terrible dans ce regroupement inédit dans toute la France, en ce jeudi 24 septembre. Rassurant, car d’habitude peu enclins à se dévoiler, ils sont là, osant crier leur colère, fumigènes à la main. Faut-il que la situation ait atteint un degré critique ? Terrible, car, de fait, elle l’a atteint.
Déjà, la nomination du garde des Sceaux, en la personne du très médiatique avocat Éric Dupond-Moretti, avait suscité les inquiétudes. « Acquitator » – surnom qui lui a été donné au regard du nombre d’acquittements qu’il a obtenus dans sa carrière – n’aime pas trop les magistrats_. « On a deux types de rapport avec les magistrats, soit un rapport de respect mutuel, soit un rapport de force »_, disait-il en 2015. Le lancement, le 18 septembre, d’une enquête administrative contre trois juges du parquet financier a fini de convaincre les juges : Dupond-Moretti a choisi le rapport de force.
L’ombre de SarkozyCette enquête