« L’écoféminisme vise une transformation sociale et personnelle »
Très présent depuis 2015, le mouvement écoféministe est à la fois ancien et divers, teinté de postcolonialisme et parfois de spiritualité. Entretien avec Jeanne Burgart Goutal Philosophe
dans l’hebdo N° 1631 Acheter ce numéro

Ma planète, ma chatte, sauvons les zones humides » ou « mort au patriarcat, pas au climat ! »… Depuis 2018, les slogans des mobilisations pour le climat ont révélé une tonalité nouvelle : celle de l’écoféminisme. Dans son ouvrage Être écoféministe (1), la philosophe Jeanne Burgart Goutal propose un récit mêlant histoire, théorie et pratique de l’écoféminisme. Sans cacher ses doutes et en accumulant les questions, l’autrice propose surtout de connaître et comprendre l’écoféminisme afin de l’adopter comme « arme de déconstruction massive » pour lire notre monde.
Comment avez-vous découvert l’écoféminisme et pourquoi en faire un objet d’étude philosophique ?
Jeanne Burgart Goutal : Je m’intéressais au féminisme et à l’écologie mais sans les avoir reliés. Je m’interrogeais sur la différence des sexes, les inégalités entre les sexes, la construction du masculin et du féminin, mais aussi sur le rapport à la nature qu’on a dans le monde actuel. Puis, j’ai vu le documentaire de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global, qui liait la dégradation de la condition des femmes et celle de l’environnement, la crise écologique et l’aggravation du patriarcat. Et j’ai découvert qu’un mouvement pense tout cela depuis plus de quarante ans : l’écoféminisme.
Car l’histoire de l’écoféminisme remonte aux années 1970 et au mouvement antinucléaire dans les pays anglo-saxons.
Ces femmes luttaient contre le nucléaire civil et militaire pour mettre en évidence le côté violent, guerrier de notre système économique, énergétique, de production agricole et industrielle, puisque certains pesticides ont été utilisés comme armes de guerre. Ce message se retrouve dans le choix de leurs lieux de lutte : en