En pleine crise sanitaire, l’Élysée explose son budget fleurs

600 000 euros de fleurs coupées et autres agréments floraux : le montant de la commande publique faite par la présidence de la République en août 2020 est inédit. Le montant dépensé par les prédécesseurs de Macron était 4,5 fois moindre.

Nadia Sweeny  • 7 janvier 2021
Partager :
En pleine crise sanitaire, l’Élysée explose son budget fleurs
© Photo : Christophe ENA / Pool / AFP

La crise n’impacte visiblement pas tout le monde de la même manière. Alors que la pauvreté explose dans le pays, que l’État a plus que jamais besoin de ses deniers pour contenir les effets économiques et sociaux désastreux de la crise sanitaire, Emmanuel Macron, lui, explose le plafond du budget fleurs passant de 134.000 euros hors taxe en 2015 sous François Hollande à… 600.000 euros en 2020.

L’appel d’offre du marché public annuel renouvelable trois fois et publié le 20 août dernier fait état de 20.000 euros de plantes vertes, 20.000 d’orchidées, 32.000 de feuillages et de… 400.000 euros de fleurs coupées – destinées à composer les bouquets. Pour comparaison, cette dernière dépense était de 100.000 euros en 2015.

Pourtant, depuis une dizaine d’années, au regard des pressions pour limiter le train de vie des présidents et les dépenses superficielles de l’État, la tendance était à la baisse de ce budget floral coûteux. Les deux anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avaient fait fondre cette dépense passant de 450.000 euros sous Jacques Chirac à 144.000 en 2011 sous Sarkozy pour descendre à 134.000 en 2015 sous Hollande.

À l’heure où les regroupements sont limités, que le palais de l’Élysée est fermé aux visites et que toute réunion massive s’organise désormais en visioconférence, on peine à comprendre l’intérêt d’une telle explosion du budget floral.

Déjà les 930.000 euros de rénovation du Palais ajouté aux 450.000 euros de vaisselles avaient fait bondir. Il reste qu’au moins, ces dépenses s’inscrivent un peu dans la durée : là, 400 000 euros sont dédiés à des fleurs coupées et donc périssables. Il semble que pour l’Elysée, l’argent public le soit aussi.

Contacté, l’Élysée n’a pas donné suite à nos demandes.

Ajout du 8 janvier à 23h30 > Dépenses florales : l’Élysée dément notre lecture des chiffres

Politique Économie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
« Pour battre l’extrême droite, le réalisme, c’est encore et toujours se battre pour l’union »
La Midinale 25 juin 2025

« Pour battre l’extrême droite, le réalisme, c’est encore et toujours se battre pour l’union »

Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis, cofondateur de l’Après qui tenait son congrès constituant ce week-end, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Immigration, wokisme, dépenses publiques… Les obsessions de l’extrême droite au Sommet des libertés
Reportage 25 juin 2025

Immigration, wokisme, dépenses publiques… Les obsessions de l’extrême droite au Sommet des libertés

Mardi 24 juin, dans une ambiance de meeting politique qui ne s’assume pas, le « Sommet des Libertés » a réuni des têtes d’affiche de l’extrême droite française, de Jordan Bardella à Sarah Knafo, sous l’impulsion des milliardaires ultra-libéraux, Bolloré et Stérin.
Par Thomas Lefèvre
Conclave : comment le Medef a planté les négociations
Récit 24 juin 2025 abonné·es

Conclave : comment le Medef a planté les négociations

Invitée à négocier alors qu’elle ne le voulait pas, la puissante organisation patronale a tout mis en œuvre, depuis des mois, pour faire échouer le conclave sur les retraites. Ce mardi, François Bayrou va tenter de les faire changer d’avis. À quel prix ?
Par Pierre Jequier-Zalc