Inceste : Et que le loup quitte le bois
Les livres jeunesse ont deux sortes d’armes pour s’attaquer à l’inceste : raconter une histoire et édicter des règles.
dans l’hebdo N° 1640 Acheter ce numéro

C haque soir, je mourais de terreur. Et puis j’ai trouvé un domaine où personne ne pouvait rien me faire : le dessin, la peinture (1). » S’il fallait nommer le plus libre, farfelu, drôle, prolixe, bref le plus marquant des auteurs jeunesse, beaucoup choisiraient Claude Ponti. Et tomberaient (ou sont tombés) de leur chaise en le découvrant victime d’inceste. Oui, l’inventeur des poussins, de Blaise, Tromboline, Foulbazar, et de tant d’autres, a été violé dès ses 6 ans par son grand-père, « idole de la maison » le jour et monstre incestueux la nuit. « Cela permet de comprendre que les choses ne sont jamais ce qu’elles ont l’air d’être (2). » Alors, comment dévoiler cette saloperie, qui n’a jamais l’air d’être ce qu’elle est, un tabou crime de masse foutant en l’air plus de 6 millions de mômes ? La littérature jeunesse est-elle un outil de combat ?
« Il est important de sensibiliser les enfants, rappelle Caroline Chaplain, bénévole à Face à l’inceste, mais tout ne doit pas reposer sur eux : l’enfant n’est pas là pour se protéger lui-même, c’est aux adultes de le protéger. » D’ailleurs, l’association exige une formation obligatoire pour tou·tes les professionnel·les dans le champ de l’enfance. « On a toujours tendance à se dire que le livre va résoudre ce que nous, les