Ma cité U va craquer
Dans la résidence universitaire Paul-Appell, à Strasbourg, des étudiant·es témoignent d’un cumul de difficultés : isolement, précarité, éloignement des proches, difficultés à suivre les cours… Tous et toutes attendent fébrilement les signes d’un déconfinement. reportage
dans l’hebdo N° 1639 Acheter ce numéro

© Roni Gocer
Tous les matins, c’est le même paysage. Cinq blocs épais coulés dans un même ciment. Et puis la cour, avec son gazon grisonnant et ses quelques arbres isolés. Sur le papier, toutes les cités universitaires se ressemblent ; la cité U Paul-Appell ne déroge pas à la règle. Avec 1 369 chambres de 10 mètres carrés, elle s’impose depuis 1957 comme l’une des principales résidences étudiantes de Strasbourg. Son style sommaire et ses façades délavées ne laissent pas de doute sur le public visé. Depuis novembre, des centaines d’étudiant·es précaires y vivent retranché·es. C’est à ces jeunes aussi qu’Emmanuel Macron s’adressait, le 21 janvier, depuis le campus flambant neuf de Paris-Saclay. Le Président s’est dédouané de la gestion erratique du confinement dans les campus à coups d’aphorismes lunaires tels que « chacun fait des erreurs, chaque jour » ou « celui qui ne fait pas d’erreur, c’est celui qui ne cherche pas ».
« Moi je n’ai pas le sentiment que le gouvernement ait tenté grand-chose, -voudrait lui répondre Steven, alors qu’il passe sa première année de géographie depuis sa chambre. Je ne comprends pas pourquoi notre ministre [de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal] est aussi peu présente. J’aurais aimé la voir aux côtés de Jean Castex et du ministre de la Santé dans les conférences de presse. On a l’impression que notre situation est la dernière préoccupation du -gouvernement. »
Quelques mois plus tôt, l’étudiant n’aurait jamais pensé être ouvertement critique à l’égard de la majorité, dont il se sentait proche. « En mars dernier, j’ai même milité pour LREM au premier tour des municipales, avant de
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