Milliardaires : Très chers héritiers

La France est un paradis sans rival pour les progénitures des grandes fortunes.

Michel Soudais  • 19 mai 2021
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Milliardaires : Très chers héritiers
© Ian LANGSDON / POOL / AFP

En seconde position dans le classement Forbes 2021 des fortunes françaises, Françoise Bettencourt Meyers (photo) est cependant la femme la plus riche du monde avec une fortune estimée à 61,4 milliards d’euros. Comme près de 80 % des 42 milliardaires français, selon des chiffres rapportés par le Financial Times, la fille unique d’André et Liliane Bettencourt, détentrice de 33 % des actions de L’Oréal, est une héritière. Un pourcentage bien supérieur à la moyenne mondiale d’environ 40 %, qui fait de la France un paradis sans rival pour les progénitures des grandes fortunes. De quoi relativiser le discours dominant sur la méritocratie des entrepreneurs à succès.

Parmi ces heureux rejetons, citons Alain et Gérard Wertheimer, propriétaires à 100 % de Chanel, pour des fortunes évaluées chacun à 28,8 milliards d’euros ; Emmanuel Besnier (15,9 milliards d’euros) qui a succédé à la mort de son père Michel à la tête de Lactalis, n° 2 mondial des produits laitiers, entreprise fondée par son grand-père André, qui fait aussi les fortunes de son frère Jean-Michel et de sa sœur, Marie Besnier Beauvalot (5,5 milliards d’euros chacun) ; Rodolphe Saadé (9 milliards d’euros), qui a hérité de son père la direction de la CMA CGM, 3e compagnie de transport maritime au monde. Ou encore Marie-Hélène Habert, Laurent et Thierry Dassault, trois des quatre enfants de Serge Dassault (6,2 milliards d’euros chacun), Nicolas Puech (4,7 milliards d’euros), petit-fils du fondateur d’Hermès, Martin et Olivier Bouygues (3,8 milliards d’euros)… 

Que 80 % de nos milliardaires soient des héritiers prouve, s’il le fallait encore, que notre fiscalité sur les successions, loin de corriger les inégalités de naissance, les pérennise en favorisant l’accumulation gargantuesque de capital.

Économie
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