Sandrine Rousseau : « L’écoféminisme, c’est le refus de la prédation »
Sandrine Rousseau entend incarner à EELV une radicalité environnementale, une transformation de la démocratie et un nouveau contrat social dans la course à la présidentielle.
dans l’hebdo N° 1652 Acheter ce numéro

© JOEL SAGET/ AFP
Après l’affaire Baupin (1), Sandrine Rousseau s’est retirée de la vie politique pendant trois ans. Depuis quelques mois, l’ex-porte-parole d’EELV effectue son retour, avec en ligne de mire la primaire verte en septembre, à laquelle elle est candidate, puis peut-être l’élection présidentielle de 2022. Avec l’ambition, notamment, d’y défendre la pensée puissante et radicale de l’écoféminisme.
Vous êtes la toute première candidate, en politique française, à vous revendiquer officiellement de l’écoféminisme. Pourquoi ce mot d’ordre ?
Sandrine Rousseau : Longtemps, j’ai été féministe et écologiste, mais je menais ces deux combats de manière séparée, sans faire la jonction. Or ce qui les réunit est pourtant fondamental : c’est le refus de la prédation. La prédation dans notre rapport à l’autre en tant qu’humain, et tout particulièrement aux femmes ou aux personnes racisées – et, de manière plus générale, aux personnes vulnérables. Mais aussi la prédation à l’égard de la terre, de la nature, des ressources.
Cette logique de prédation est au fondement de notre société, c’est le cœur même de notre processus de création de richesses. C’est ce qu’illustre très bien le mouvement des enclosures, qu’on présente souvent comme le point de départ de notre système capitaliste : il y a l’appropriation sauvage de la terre, qui n’est plus dès lors un bien commun, mais devient un bien privé au profit des plus riches, dont découle ensuite une forte répression des femmes, qui sont justement celles qui utilisaient le plus ces communs et qui ont lutté contre cet accaparement. C’est là que s’est noué le mouvement des sorcières, comme le raconte la philosophe Silvia Federici, lorsqu’on brûlait les femmes qui résistaient, qu’on va ensuite chercher à domestiquer, à enfermer. C’est une espèce de péché originel du capitalisme, qu’on ne peut pas passer sous silence si on veut vraiment faire évoluer notre société.
L’écoféminisme m’a permis de comprendre tout cela, comme si cela assemblait tous les morceaux d’un puzzle pour en faire une base
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