Justice : Bagui Traoré, acquitté !

Le frère d’Adama et Assa Traoré a été acquitté des accusations de tentatives de meurtre sur des gendarmes.

Politis  • 14 juillet 2021
Partager :
Justice : Bagui Traoré, acquitté !
© Lucas BARIOULET / AFP

Après 4 ans et 5 mois derrière les barreaux, Bagui Traoré a été acquitté le 9 juillet des accusations de tentatives de meurtre sur des gendarmes pendant les émeutes déclenchées par la mort de son frère Adama à la gendarmerie de Persan (95) en 2016. Le 2 mars 2017, Bagui Traoré, 29 ans, était placé en détention provisoire, accusé d’avoir tiré sur les forces de l’ordre. Le parquet général a admis que ces accusations ne reposent sur aucun élément tangible : « Quand on n’a pas de preuves, on en tire les conséquences », a admis le procureur en réclamant l’acquittement. Un aveu qui fait éclater l’aspect politique des accusations portées contre le frère d’Adama Traoré, dont la mort entre les mains des gendarmes n’a pas encore fait l’objet d’un procès, ni même de mises en examen.

« La justice ne peut pas se passer de preuves, or c’est ce qu’il s’est passé dans le cas de Bagui Traoré, a justifié le président de la cour Marc Trévidic. Personne, ni dans la procédure ni à l’audience, n’a indiqué l’avoir vu tirer sur des forces de l’ordre ou même s’être tenu à proximité d’un tireur. De même, personne ne l’a entendu donner des consignes ou avoir fourni une arme à feu. L’enquête en était restée aux simples hypothèses et un débat sur de simples hypothèses a certainement sa place dans un bureau d’enquêteurs mais pas devant une cour d’assises. » Deux hommes ont en revanche écopé de douze et huit ans de prison.

Bagui Traoré est donc libre après plus de quatre années derrière les barreaux. Un emprisonnement qui mêle de la détention provisoire et des peines de prison suite à deux condamnations sans rapport avec les émeutes de Beaumont – l’une pour extorsions et escroqueries sur personnes vulnérables. Un mécanisme que dénonce Florian Lastelle, l’un de ses avocats, à Libération : « Ces peines, qui auraient pu être aménagées, ont été exécutées parce que mon client était sous mandat de dépôt. » La détention provisoire a eu pour effet de le maintenir derrière les barreaux. Il n’était en détention provisoire « pure » que depuis mars 2021.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa et Pauline Migevant