Sept solutions contre la folie immobilière
Dans les grandes villes, le prix des loyers s’est emballé. Dans les zones les plus tendues, des expérimentations sont faites pour enrayer ce processus. Avec difficulté mais non sans résultats.
dans l’hebdo N° 1662 Acheter ce numéro

© Patricia Huchot-Boissier/Hans Lucas/AFP
Comment domestiquer un marché devenu fou ? Depuis une dizaine d’années, l’ampleur des dégâts a forcé le législateur, sous la pression des municipalités les plus touchées, à inventer des armes nouvelles. Elles n’ont pas d’effet spectaculaire, mais montrent que la mécanique inflationniste peut être freinée, à condition d’y mettre beaucoup de volonté politique.
1 Priorité aux logements sociauxLa construction de logements sociaux est la première condition d’une maîtrise de la flambée immobilière. Non pas qu’elle soit de nature à « créer un choc d’offre », comme l’ont souvent claironné les responsables politiques. La production de logements sociaux oscille autour de 80 000 par an, soit 0,2 % du parc de logements total et moins de 4 % des demandes de HLM non pourvues. Pas de quoi répondre à la pénurie. Construire reste néanmoins une urgence pour tenter de stabiliser la hausse des loyers, et au regard du nombre préoccupant de sans-domicile. Enfin, parce qu’avec l’explosion des prix dans le privé, le nombre de demandes de logement social explose : il a même doublé en une décennie en Île-de-France.
Les freins sont nombreux. Les terrains se font rares et deviennent trop chers, là où le logement social serait le plus utile. La densification des villes ne peut se faire à l’infini, comme l’illustrent les critiques des écologistes parisiens contre la « folie bâtisseuse » de leur propre majorité municipale. La loi solidarité et renouvellement urbains (SRU), obligeant les communes les plus tendues à construire 20 % à 25 % de logements sociaux, produit des effets limités. Une grosse moitié des 2 091 communes soumises à cette obligation au 1er janvier 2019 n’avaient pas atteint leur objectif, et 280 d’entre elles ont même été frappées d’un arrêté de carence sur la période 2017-2019. Pour ne rien arranger, depuis 2017, le gouvernement a ponctionné énormément d’argent sur les fonds dédiés au logement social, tout en imposant aux organismes HLM de compenser la baisse de l’aide personnalisée au logement (APL). En cumulant toutes les diminutions depuis 2017 (logement social et APL), ce sont plus de 10 milliards d’euros sur trois ans qui auront été économisés sur la politique de logement à destination des plus pauvres, selon les calculs de la Fondation Abbé-Pierre. « Nous avons un très beau modèle de logement social, il ne faut pas l’abandonner et il faut veiller à ne pas construire n’importe quoi, n’importe où, en gardant une attention aux catégories modestes », insiste Christophe Robert, son délégué général.
En Île-de-France, le nombre de demandes de logement social a doublé en une décennie.
À Bayonne, l’urgence des militants d’Alda est d’empêcher que le parc social soit happé par les forces centrifuges de la spéculation. Avec l’aide à l’accession à la propriété, des locataires peuvent acquérir leur logement à prix cassé. « Faute d’encadrement strict, des logements sociaux finissent par être revendus au prix du marché, une fois la période
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