L’urgence climatique impose des mesures de rupture avec les logiques libérales

Les personnalités de la sphère écologiste sont rares à poser comme hypothèse la sortie du capitalisme pourtant nécessaire, regrette Thomas Portes, ex-porte-parole de Sandrine Rousseau, aujourd’hui soutien de Jean-Luc Mélenchon.

Thomas Portes  • 28 janvier 2022
Partager :
L’urgence climatique impose des mesures de rupture avec les logiques libérales
© Photo : Scène de désolation après un incendie en Grèce (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Des paysages calcinés à perte de vue. De l’eau aussi loin que nous pouvons regarder. La désolation. Ces paysages cataclysmiques ont rythmé notre été. Les commentaires s’enchainant, ton grave et hauteur de circonstance. La planète maltraitée depuis des décennies crache sa colère. Une colère de feu, un tourbillon de braises, des murs d’eau qui ravagent tout sur leur passage. Le réchauffement climatique n’était plus pour certains un lointain mirage frappant des contrées au nom imprononçable. Il était là, devant nous, semant mort et misère.

Alors que l’année 2021 se classe parmi les sept plus chaudes jamais enregistrées comme l’a révélé l’organisation météorologique mondiale, les rapports d’alerte climatique s’empilent aussi rapidement que les dividendes grossissent dans les poches des actionnaires, mais rien ne change. Notre pays ne fait malheureusement pas exception.

L’urgence climatique impose des mesures immédiates de rupture avec les logiques libérales actuellement à l’œuvre. Chaque seconde qui passe, et le Covid l’a révélé de manière magistrale, le modèle capitaliste et productiviste nous conduit dans un double mur, celui du creusement des inégalités et celui de la destruction de la planète.

Une chose doit être affirmée, la radicalité écologique qu’impose la situation ne pourra pas être réalisée sans un combat de classes.

Toutes les études le montrent, le niveau de richesse est corrélé au niveau de pollution. Ainsi en Europe, les 1 % les plus riches ont une empreinte carbone 22 fois supérieure à la limite de sécurité de 2,5 tonnes, ce qui représente 55 tonnes de CO2 par personne par an. Nous sommes face à une véritable pollution de classe.

Si de nombreuses personnalités de la sphère écologiste sonnent l’alertent sur la situation, elles sont rares à poser comme hypothèse la sortie du capitalisme. Le candidat écologiste Yannick Jadot a même affirmé devant une assemblée de patron n’en croyant par leurs yeux qu’il était favorable au « capitalisme européen ».

Il faut dire les choses : on ne s’accommodera pas du capitalisme. On n’arrivera pas à le restreindre, à le contenir ou même à « l’améliorer ». Ce sera lui ou nous. On peut tourner le problème dans tous les sens que l’on veut, aucune victoire n’est possible sans un changement de système. En effet, si Jaurès affirmait avec justesse dès 1895 que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », on peut mettre à jour cette célèbre tirade en disant que « le capitalisme porte en lui la destruction de la planète comme le macronisme porte en lui le mépris »

Comment celles et ceux qui alertent depuis des années sur la crise environnementale, sur les désastres à venir, peuvent ils ne jamais poser la question de la responsabilité du capitalisme dans ce drame humain et écologique ? 

La genèse du capitalisme est celle d’une croissance infinie « quoi qu’il en coûte », pour reprendre les mots d’un de ses meilleurs VRP.

De la convention citoyenne aux COP en passant par les sommets et autres conférences, les champions du verdissement usent de tous les artifices possibles pour tenter de faire croire au mirage de l’écologie responsable dans le cadre d’un capitalisme régulé. Comme si criminaliser le capitalisme était tabou. Comme si beaucoup avait intériorisé de fait le fameux « there is no alternative ».

De la sortie du glyphosate à la relance du fret ferroviaire, en passant par l’interdiction des pesticides ou la reconnaissance du crime d’écocide, les renoncements ont été légion sous ce quinquennat. La justice a même condamné notre pays pour inaction climatique !

Si l’heure est grave, et le saccage de la planète bien entamé, rien n’est irréversible. Il s’agit simplement de choix politiques forts, de choix de rupture. Il faut faire l’écologie des gens et non l’écologie des lobbys. L’écologie de l’intérêt général contre l’écologie des intérêts de quelques-uns. Enfin il faut aussi sortir de cette injonction à la responsabilité individuelle, qui tend à faire croire que les comportements individuels, déconnectés du modèle économique dans lequel on évolue, à savoir le capitalisme, permettront de sauver la planète.

Avec le programme L’Avenir en commun, et la candidature de Jean-Luc Mélenchon nous portons ce programme de rupture, qui fait de la réponse aux besoins et de la planification écologique des armes qui dépassent les logiques du système capitaliste, qu’elles soient de domination, de prédation et d’aliénation. Dissocier l’écologie d’un positionnement clair sur le capitalisme, la finance, la mondialisation, c’est la priver d’une ancre primordiale et prendre le risque de dérives inquiétantes.

L’urgence climatique impose du courage politique, et nous devrons tenir bon.

Publié dans
Tribunes

Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.

Temps de lecture : 4 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Reprendre la main sur le logement : défendre et amplifier la loi SRU
Tribune 12 décembre 2025

Reprendre la main sur le logement : défendre et amplifier la loi SRU

Pour Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement, l’État doit défendre la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) – qui fête ses 25 ans ce 13 décembre – face aux attaques dont elle est l’objet. Et doit la prolonger par une Sécurité sociale du logement.
Par Eddie Jacquemart
Ministres de la Justice et de l’Intérieur : respectez la liberté de la presse, renforcez le secret des sources !
Liberté de la presse 11 décembre 2025

Ministres de la Justice et de l’Intérieur : respectez la liberté de la presse, renforcez le secret des sources !

La multiplication des intimidations visant des journalistes révèle l’urgence de réformer en profondeur la loi de 2010 sur la protection des sources. Face à une année d’immobilisme gouvernemental, 129 médias et organisations exigent un débat public et des garanties effectives pour le droit à l’information.
Mêmes droits pour TOUTES les femmes vivant sur le territoire français !
Tribune 10 décembre 2025

Mêmes droits pour TOUTES les femmes vivant sur le territoire français !

Une tribune du Réseau des associations de femmes des quartiers populaires appelle à une loi-cadre intégrale protégeant toutes les femmes des violences sexistes et sexuelles.
Par Collectif
« Zehra Kurtay doit obtenir le statut de réfugiée politique en France »
Tribune 6 décembre 2025

« Zehra Kurtay doit obtenir le statut de réfugiée politique en France »

La journaliste antifasciste est pourchassée par le régime autoritaire d’Erdoğan qui a mis sa tête à prix pour 2 millions de lires turques. La France doit s’opposer à ce qu’elle soit livrée à la Turquie.
Par Collectif