Faute de services publics, des services « citoyens »
Les bénévoles sont de plus en plus impliqués dans des missions de service public. Une manière d’être au plus près des besoins des usagers et de pallier le désengagement de l’État. Mais avec le risque d’encourager ce recul.
dans l’hebdo N° 1694 Acheter ce numéro

© Patricia Huchot-Boissier / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Ahmed (1) aurait pu devenir fou. Mais ce n’est pas à cause des routes sinueuses de l’exil, de sa traversée de la Méditerranée dans un bateau de fortune et de son long bras de fer avec l’administration française. Ses craintes à lui se nommaient isolement, solitude et repli sur soi. Il les a vues happer tour à tour ses compagnons de galère, dans les foyers d’accueil pour réfugiés, qu’il a fréquentés depuis 2016, à son arrivée en France.
S’il n’a pas « perdu la tête », malgré une période difficile, c’est grâce à des rencontres qui lui ont permis d’étancher sa « soif d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture ». Édouard et Bénédicte font partie de ses bienfaiteurs. Depuis le mois d’octobre, le couple de retraités, hébergeurs solidaires (et bénévoles), met gratuitement à sa disposition un studio inoccupé dans un coin de leur petit jardin, en banlieue parisienne. Choqué par les images d’Afghanistan, l’été dernier, Édouard, ancien ingénieur dans l’industrie automobile, voulait se rendre utile. En quelques clics, il trouve sur un site du gouvernement le contact de l’association Réfugiés bienvenue, qui leur présente Ahmed, Soudanais d’une vingtaine d’années à l’humeur rieuse. Ce dernier posera ses valises chez eux pour douze mois.
La relation entre eux s’est nouée en douceur. « Il est chez lui [dans le studio] et nous sommes chez nous », le tranquillise Bénédicte. Il vient parfois « grignoter » avec le couple et mélanger les langues et les cultures. « Je n’ai jamais senti que j’étais hébergé »,
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