Ne vous laissez pas exclure du vote pour la présidentielle

Les prétendues mesures sociales proposées par la droite et l’extrême droite n’augmentent nullement le salaire réel.

Michel Soudais  • 11 février 2022
Partager :
Ne vous laissez pas exclure du vote pour la présidentielle
© Photos (montage) : Joël Saget /AFP

Vous avez sûrement remarqué que le gouvernement n’a lancé aucune campagne d’inscription sur les listes électorales à l’approche des élections présidentielle et législatives. La raison est simple : l’abstention ne desservirait pas Emmanuel Macron, ni la droite d’ailleurs. Elle handicape en revanche les candidats de la gauche sociale et écologique ; les militants de plusieurs d’entre eux mènent, avec plus ou moins d’allant, des campagnes de terrain pour inciter et aider à l’inscription. Il nous faut donc suppléer à notre tour autant que possible à cette absence de communication gouvernementale pour que des millions de nos concitoyens ne soient pas exclus du vote.

Des millions de non-inscrits et « mal-inscrits »

Car l’inscription reste indispensable pour pouvoir voter aux élections. En mai 2021, 47,9 millions d’électeurs étaient inscrits sur les listes électorales, soit 94 % des Français en âge de voter, selon l’Insee. 6 %, soit 5,2 millions de personnes restent donc en marge du vote, volontairement ou involontairement puisque les municipalités procèdent régulièrement à des radiations d’électeurs et électrices perdus de vue. En une année, entre les municipales de mars 2020 et les régionales de juin 2021, l’Insee a comptabilisé 266 131 radiations à l’initiative des communes ; or ces personnes ignorent vraisemblablement avoir été rayées des listes.

À ceux-là s’ajoutent quelques 7,6 millions d’électeurs et d’électrices « mal-inscrits », un terme inventé par Céline Braconnier, la directrice de Sciences-Po Saint-Germain, pour qualifier ceux qui ne sont pas inscrits là où ils résident au moment du vote. Or, estime cette chercheuse, une personne « mal-inscrite » sur les listes électorales aura trois fois plus de chance de devenir abstentionniste. Et la mal-inscription touchait en 2017, selon l’Insee, 43 % des 25-29 ans et 36 % des 30-34 ans. Elle concerne principalement les jeunes, étudiants ou non car après avoir été inscrits automatiquement à 18 ans au domicile de leurs parents (où ils ont été recensé à 16 ans et peuvent voter jusqu’à 26 ans) ils ont souvent déménagé, mais également les précaires, les habitants des quartiers populaires et même les cadres trentenaires qui quittent les centres villes avec leurs enfants.

Comment vérifier son inscription

Il est encore possible de procéder à sa bonne inscription, mais il n’est plus temps de procrastiner. Depuis la loi Pochon-Warsmann du 1er août 2016, rénovant les modalités d’inscription sur les listes électorales, en vigueur depuis 2019, c’en est fini de la limite de dépôt d’inscription fixée auparavant au 31 décembre. Désormais, il est possible de s’inscrire sur les listes électorales jusqu’au 6e vendredi précédant un scrutin, soit le 4 mars pour la présidentielle. Cette réforme a également créé un registre national des électeurs et électrices qui permet à tout un chacun de vérifier sur internet sa bonne inscription et, le cas échéant, de procéder en ligne à son inscription.

La première chose à faire, surtout si vous avez déménagé depuis votre dernier vote, consiste à interroger votre situation électorale et vérifier votre bonne inscription sur cette page du site service-public.fr.

Si votre adresse enregistrée est la bonne et que vous êtes bien inscrit, vous recevrez d’ici au scrutin une nouvelle carte électorale flanquée d’un QR code identique à toutes les cartes et donc pour tous les électeurs, et sans collecte de données personnelles, assure le ministère de l’Intérieur. Ce QR code _« renvoie au site unique elections.interieur.gouv.fr permettant d’accéder à l’ensemble des démarches liées aux élections »_.

© Politis

Si l’adresse de votre inscription n’est plus la vôtre, ou si vous constatez que vous n’êtes plus ou pas inscrit, deux solutions s’offrent à vous :

Procéder à votre inscription en ligne jusqu’au 2 mars sur cette page du site service-public.fr. Il faudra pour cela vous envoyer deux justificatifs dans des formats jpg, pdf ou png de moins de deux Mo : la copie d’une pièce d’identité (carte d’identité ou passeport) ainsi qu’un justificatif de domicile de moins de trois mois. Vos données et justificatifs seront ensuite vérifiés par la commune d’inscription avant toute validation définitive. Pratique et rapide, cette dématérialisation reste toutefois inadaptée pour les personnes ne maîtrisant pas bien les bases informatiques qu’elle requiert.

Procéder à votre inscription en mairie jusqu’au 4 mars. Jusqu’à cette date vous pouvez procéder à votre inscription auprès des services municipaux en vous munissant d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile de moins de trois mois (quittance de loyer, facture de gaz ou d’électricité). On vous demandera de remplir un [formulaire Cerfa 12669](file:///Users/michel/Downloads/cerfa_12669-02%20(1) (fourni sur place). Vous pouvez aussi envoyer ces documents par courrier à votre mairie qui devra les avoir reçu au plus tard le 4 mars. Ou charger une personne de faire cette démarche à votre place avec les mêmes documents et, en plus, un document écrit et signé attestant que vous lui confiez ce pouvoir.

Si d’aventure votre mairie venait à faire obstacle à votre inscription (cela s’est vu au moment des municipales), envoyez-nous votre témoignage via le courrier des lecteurs en nous indiquant un numéro de téléphone où l’on pourrait vous rappeler.

Publié dans
Parti pris

L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.

Temps de lecture : 5 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Résistances
Parti pris 24 juillet 2024

Résistances

À quoi ressemblera la France après la trêve estivale, ou olympique, à laquelle aspire Emmanuel Macron ? Qui gouvernera ? À quoi ressemblera le monde de l’après-Biden ? Face au désordre, des résistances partout s’organisent, inspirant autant le respect que l’espoir d’un monde meilleur.
Par Pierre Jacquemain
Nouveau Front populaire : soyons lucides et réalistes
Parti pris 16 juillet 2024

Nouveau Front populaire : soyons lucides et réalistes

Depuis sa relative victoire le 7 juillet, le Nouveau Front populaire se cherche en vain un nom pour Matignon. Mais la coalition de gauche se déchire, pendant que Macron rigole et que le RN attend son heure. En quelques jours, elle s’est décrédibilisée.
Par Pierre Jacquemain
Une mobilisation populaire éteinte par une gauche irresponsable
Gauche 16 juillet 2024

Une mobilisation populaire éteinte par une gauche irresponsable

Alors que le Nouveau Front populaire a soulevé une espérance chez de nombreuses organisations du mouvement social, les dernières tergiversations quant au nom du Premier ministre ont jeté un froid. Et questionnent la possibilité d’un accompagnement d’un gouvernement de gauche par une mobilisation populaire.
Par Pierre Jequier-Zalc
À gauche, une équation aussi pénible qu’insoluble
Parti pris 9 juillet 2024

À gauche, une équation aussi pénible qu’insoluble

Au second tour des législatives, le Rassemblement national, bien qu’en forte progression, a été défait, le macronisme rejeté et le Nouveau Front populaire est devenu la première force politique à l’Assemblée. Mais la gauche doit-elle prendre le risque de gouverner sans capacité d’agir ?
Par Pierre Jacquemain