Ce qui ne va plus être possible (3/3)

Nous avons ri en découvrant l’agitation que cette jonction progressiste provoque parmi les droites.

Sébastien Fontenelle  • 9 mai 2022
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Ce qui ne va plus être possible (3/3)
© Daniel Pier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Je voulais parler, pour clore cette mini-série en triptyque, de ce qui ne sera plus possible pour la gauche – dans son rapport, par exemple, à l’islam (et donc à l’islamophobie). Ou aux guerres de Poutine – en Syrie et en Ukraine, notamment. Et cetera, et cetera, et cetera. Mais finalement, j’ai changé d’avis : on y reviendra plutôt plus tard – un nœud à nos mouchoirs.

Pour l’heure, j’ai surtout envie, moi aussi, de ne pas bouder mon plaisir, et de profiter pleinement de ce moment, extraordinairement intéressant, où une gauche qui était donnée pour morte par tant d’expert·es ès-tout réussit à s’unir autour d’un programme qui n’a certes rien de révolutionnaire, mais qui, par les temps qui courent, va tout de même très au-delà de ce que nous étions en droit d’espérer. Sauf qu’il est difficile d’être complètement joyeux quand on voit ce qui se prépare en face.

Ainsi avons-nous ri en découvrant la spectaculaire agitation que cette jonction progressiste provoque parmi les droites (y compris l’hollandaise) et chez leurs journalistes – et autres éditocrates – d’accompagnement, qui ont immédiatement retrouvé les mêmes réflexes qui leur faisaient brandir il y a cent ans la menace d’un « bolchevisme » qui n’allait jamais sans un poignard entre les dents, et, plus récemment – c’était en 1981, dans les heures précédant l’élection de Mitterrand –, celle d’une imminente invasion du Tarn-et-Garonne par des divisions blindées soviétiques.

Mais à bien y regarder : cet affolement très strictement réactionnaire est tout sauf rigolo. Car les affolé·es, moins de quinze jours après la défaite d’une candidate d’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle, renouent, sans avoir donc observé le moindre délai de latence – tout symbolique qu’il soit –, et pour mieux disqualifier cette gauche qu’iels exècrent, avec les procédés qui ont précisément permis l’ascension de Marine Le Pen : la banalisation des discours favorisant la discrimination – contre les musulman·es, par exemple –, et le remplacement de la vérité factuelle par une vérité alternative où la réalité n’a plus ni cours, ni valeur.

C’est ainsi que l’éditocrate Raphaël Enthoven a confectionné un tweet accusant La France insoumise de « pouss[er] des islamistes à l’Assemblée » – sans dire, bien sûr, ce qu’il met dans cette appellation, et sans préciser, surtout, et pour cause, qui seraient, au juste, ces « islamistes ». C’est ainsi, également, que la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes) est systématiquement présentée comme « extrémiste » par ces truquistes, qui n’apportent bien sûr aucun élément probant au soutien de ce bobard, mais qui tracent un signe d’égalité entre la gauche nouvellement réunie et l’extrême droite fasciste – dont la normalisation et (par conséquent) la promotion, fût-ce par ces fourberies travesties en pondération, sont toujours à l’ordre du jour.

Nous voilà du moins prévenu·es : nous savons l’avenir que nous prépare déjà cette sinistre clique et de quoi nous serons complices si nous restons sans répondre – avec beaucoup plus de détermination et de fermeté encore que nous ne l’avons fait jusqu’à présent – à ses mensonges mortifères.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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