Contrôle des frontières : le malsain marchandage de l’UE
Depuis deux décennies, l’Europe externalise la maîtrise de ses flux migratoires. Au risque de traiter avec des partenaires peu démocratiques et toujours plus gourmands financièrement.

© Belal Khaled/NurPhoto/AFP
C’était à la mi-mai 2021. En deux jours, près de 8 000 candidats à l’exil réussissent à pénétrer dans l’enclave espagnole de Ceuta, sur la côte méditerranéenne du Maroc. Durant ce laps de temps, le royaume chérifien a volontairement cessé de contrôler la frontière, pour signifier son mécontentement à Madrid, qui a décidé d’accueillir sur son sol l’un de ses pires ennemis : le dirigeant sahraoui Brahim Ghali, soigné dans un hôpital de la Rioja après avoir contracté le covid-19.
Le chef du gouvernement espagnol s’empresse alors de dénoncer « le manque de respect » de Rabat tandis que sa ministre de la Défense parle d’« agression » et de « chantage ». Pas seulement vis-à-vis de l’Espagne, mais de toute l’Union européenne. Au-delà des tensions anciennes qui régissent les relations entre le Maroc et l’Espagne, cet épisode révèle crûment les limites de l’externalisation du contrôle de ses frontières mise en place par l’UE.
Ce modèle de sous-traitance est loin d’être nouveau : en France, l’ONG Amnesty International et le réseau Migreurop ont été les premiers, dès 2003, à employer le terme d’externalisation, venu du monde de l’économie, pour décrire la politique européenne d’immigration et d’asile. Si l’usage de ce qualificatif s’est généralisé, du côté institutionnel, on préfère parler pudiquement de « dimension externe ».
Des autocrates jouent les chiens de garde en échange de la mansuétude de Bruxelles.
« L’externalisation […] se
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