La spirale de la dette emporte la Tunisie
Après une décennie perdue dans la transformation de son économie, le pays doit retrouver la confiance des bailleurs de fonds.
dans l’hebdo N° 1722 Acheter ce numéro

Jusqu’ici tout va bien, le plus important c’est l’atterrissage (1). » Pour l’économie tunisienne, celui-ci a commencé, et c’est un atterrissage en douleur. Depuis 2011, l’« expérience démocratique » a bénéficié de la sollicitude (à intérêts) des bailleurs de fonds occidentaux et des institutions financières internationales. Mais, incapables de transformer le modèle économique ou même de booster la croissance, les gouvernements successifs ont acheté du temps.
Sous la pression des demandes sociales, l’État a promis au-delà de ses capacités. Les dispositifs d’absorption du chômage, les embauches dans la fonction publique (plus de 200 000 créations nettes d’emplois en dix ans pour 11 millions d’habitants) et les augmentations de salaire ont porté la masse salariale de l’État de 11 % à 17,4 % du produit intérieur brut entre 2011 et 2020. Elle absorbera cette année plus de 60 % du budget.
Pendant que les dépenses publiques bondissaient de 24 à 30 % du PIB entre 2011 et 2018, les recettes fiscales n’augmentaient que de 23 à 25 % du PIB. L’État tunisien a dû emprunter toujours plus pour financer son déficit puis pour rembourser ses emprunts : en 2019, 93 % des nouveaux prêts ont servi à rembourser une dette antérieure. Logique imparable de cette spirale : depuis 2011, la dette publique a bondi de 40 %, aux environs de 100 % du PIB.
Le riz a disparu des rayons, certains médicaments essentiels sont devenus introuvables.
En 2016, à la demande des bailleurs de fonds, la Tunisie a adopté une loi sur l’indépendance de la banque centrale selon les canons de l’orthodoxie monétariste : priorité à la lutte contre l’inflation sur le soutien à la croissance, moindre soutien à la devise nationale, qui a perdu un tiers de sa valeur (de 2 dinars à 3,2 dinars pour 1 euro), provoquant mécaniquement l’augmentation du montant de la dette extérieure.
« Si, pour le moment, l’État tunisien parvient à honorer ses engagements internationaux, il ne cesse de reporter ses échéances auprès des créanciers nationaux, au prix d’une hausse des intérêts », observe Hamza Meddeb, chercheur au Carnegie Middle East Center. Les réserves en devises diminuent inexorablement. En d’autres
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