« Taormine » d’Yves Ravey : le touriste et sa conscience
Le romancier met en scène un couple de vacanciers en Sicile dont la voiture percute un obstacle non identifié. Grave ou pas, la mesure de cet accident est une affaire d’éthique.
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Yves Ravey affectionne les protagonistes aux personnalités douteuses. Par exemple, celui d’Adultère (2021), son avant-dernier roman : patron d’une station-service, il bafoue les droits de son employé et pique de l’argent à sa propre mère. Dans Pas dupe, publié deux ans auparavant, la mort mystérieuse d’une femme oppose son mari et son père, le premier étant le salarié de l’autre, un industriel.
Comme nous lui demandions, à l’occasion de la sortie de Trois jours chez ma tante (2015), la raison de ces protagonistes de petite moralité, Yves Ravey avait invoqué la liberté du romancier : pas d’éthique à respecter, donc : « La narration avance à sa guise. Toutes les possibilités sont permises. » On pourrait ajouter que retenir le lecteur avec de tels personnages représente un beau défi, que l’auteur relève de livre et livre.
Melvil est le personnage-narrateur du nouveau roman d’Yves Ravey, Taormine. Il vient d’atterrir avec sa femme, Luisa, à l’aéroport de Catane-Fontanarossa et se dirige, au volant d’une voiture de location, vers la ville balnéaire de Taormine. Le couple sort d’une période difficile où il a failli se séparer, ces vacances siciliennes étant censées poser un baume sur leur récente discorde.
Cependant, le mot « déception » et ses déclinaisons reviennent plus que de raison dans les premières pages (« L’atmosphère n’était pas lumineuse, pas franchement. Pour un premier jour de vacances, c’était même assez décevant »). Ce qui dénote une exigence à la limite du caprice ; ou bien est-ce le comportement de touristes de base.
Faisceau de présomptionsAyant emprunté, sur un coup de tête, une sortie d’autoroute vite obstruée par des travaux, Melvil, sans visibilité à cause d’un orage, heurte violemment un obstacle. Ayant pourtant mis le véhicule à l’arrêt, il
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