Coupe du monde au Qatar : douze ans de malheur

L’attribution du Mondial de football au petit pays du Golfe porte tous les symptômes d’un football malade de ses dérives.

Jérôme Latta  • 19 octobre 2022 abonné·es
Coupe du monde au Qatar : douze ans de malheur
© Une banderole anti coupe du monde au Qatar, en Allemagne. (Photo : RALF IBING / FIRO SPORTPHOTO / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP.)

Stupeur dans la salle du parc des expositions de Zurich, le 2 décembre 2010. Sur la scène, le président de la Fifa, Sepp Blatter, sourire crispé, vient de décacheter l’enveloppe contenant le nom du pays désigné pour organiser la 22e édition de la Coupe du monde masculine de football, en 2022.

À la surprise générale, le carton porte le nom du Qatar et non celui des États-Unis, grands favoris. L’omnipotent patron du football mondial est vite rejoint par l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani, auquel il remet symboliquement le trophée de la compétition.

Sepp Blatter, favorable à la candidature nord-américaine, a vu le coup venir mais n’a pas réussi à le parer. Il voit désormais venir les ennuis. S’ouvre en effet une période noire, marquée par les scandales et le procès médiatique de cette Coupe du monde 2022 maudite, qui porte tous les symptômes d’un football malade de ses dérives.

Le sacre du Qatar précipite la Fifa dans une tourmente judiciaire et une profonde crise institutionnelle.

Le sacre du Qatar précipite la Fifa dans une tourmente judiciaire et une profonde crise institutionnelle. Pour l’émirat, ces douze années sont celles d’un feuilleton qui l’expose aux plus vives critiques contre son droit du travail féodal, les milliers de morts sur ses chantiers, son mépris des droits humains, son empreinte climatique.

Au point qu’à quelques semaines du coup d’envoi du tournoi, son triomphe de décembre 2010 a pris les traits d’une défaite, à la fois pour lui et pour un modèle de Coupe du monde devenu insoutenable.

Retrouvez tous nos papiers sur la Coupe du monde au Qatar dans Politis n°1728.

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