Extrême-droite : le GUD revient, la radicalité au RN aussi

Le congrès du parti lepéniste s’est conclu le 6 novembre par l’élection à sa tête de Jordan Bardella. Un nouveau président très « GUD compatible », au moment où le groupe refait justement surface.

Daphné Deschamps  • 8 novembre 2022
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Extrême-droite : le GUD revient, la radicalité au RN aussi

Depuis de nombreux mois, je tire la sonnette d’alarme sur une potentielle re-radicalisation », écrit dans un communiqué au vitriol Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont, fief du Rassemblement national depuis 2014. Évincé des instances exécutives de la formation d’extrême droite lors de son congrès, le 5 novembre, l’un des architectes de la stratégie de dédiabolisation du RN dénonce l’arrivée officielle à la tête du parti de Jordan Bardella et la ligne de celui-ci, un retour aux « valeurs » du FN de Le Pen père, flirtant avec les identitaires et les extrêmes droites les plus radicales.

A-t-il raison de s’inquiéter ? Jordan Bardella est très lié à la « GUD connexion », via Frédéric Chatillon et Axel Loustau, deux anciens membres du Groupe union défense (GUD), ultraviolent depuis sa création, en 1968, jusqu’à son autodissolution au profit du Bastion social en 2017. Un sommeil qui vient de se terminer : alors que le congrès du RN se concluait, dimanche 6 novembre, deux photos et un message sibyllin étaient postés sur le canal Telegram « GUD Paris », créé un mois plus tôt : « GUD is back. »

© Politis
Montage des deux photos publiées sur le canal Telegram « GUD Paris ».

Sur les deux clichés, ils sont une trentaine, avec une banderole d’hommage à deux militants du parti néonazi grec Aube dorée et un drapeau à croix celtique, symbole du groupe. Parmi les membres du groupe identifiables, on retrouve notamment Marc de Cacqueray-Valmenier, leader du groupuscule Zouaves Paris, dissous en janvier dernier, qui fait partie des tout premiers abonnés du compte Instagram du néo-GUD.

Celui-ci a déjà été condamné à de multiples reprises pour violences et est actuellement poursuivi pour le tabassage de militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Éric Zemmour en 2021. À ses côtés également, des proches de l’Action française, de Génération identitaire (organisation dissoute en mars 2021) et d’autres mouvances identitaires violentes. Tous avec des profils similaires à ceux des ex-Zouaves Paris ou du Bastion social.

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