Forêt française : les écrans de fumée présidentiels
Les grandiloquentes annonces d’Emmanuel Macron sur la lutte contre les incendies ont donné lieu à une nouvelle séquence où sa propre majorité parlementaire s’est ridiculisée.
dans l’hebdo N° 1730 Acheter ce numéro

À en croire nombre de commentateurs, Emmanuel Macron, en multipliant les annonces devant les acteurs de la lutte contre les incendies dans la salle des fêtes de l’Élysée, aurait pris la mesure des feux de forêt qui ont ravagé la France cet été.
S’il y a bien des doutes sur la possibilité humaine et technique de « planter un milliard d’arbres en dix ans », ne serait-ce qu’en raison de la saignée opérée à l’Office national des forêts (ONF) – il a perdu 32 % de ses effectifs en vingt ans, encore 1 000 équivalents temps plein (ETP) entre 2014 et 2022 –, toutes les autres annonces ont été prises pour argent comptant.
On est pourtant loin du discours aux actes, note Florian Chauche, député LFI du Territoire de Belfort et rapporteur spécial sur le programme « Sécurité civile » du projet de loi de finances 2023 (PLF), exemples à l’appui. Le président annonce un renforcement des effectifs de l’ONF ? Le PLF présenté par le gouvernement prévoyait la suppression de 95 ETP.
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Pour « mieux prévenir les incendies », Macron veut créer une « météo des forêts » ? Les députés du groupe Renaissance devaient l’ignorer : ils ont voté en commission des Finances contre les amendements qui augmentaient les moyens de Météo France et des organismes spécialisés.
Le chef de l’État annonce une enveloppe supplémentaire de 150 millions d’euros à destination des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ? Ses députés ont retoqué un amendement moins ambitieux (seulement 75 millions d’euros).
Il veut remplacer les 12 canadairs actuels et porter leur nombre « jusqu’à 16 » d’ici 2027 ? Fort bien, mais l’usine censée les produire n’existe pas encore. Quant à la promesse de louer 10 hélicoptères bombardiers d’eau et d’en acheter deux, Florian Chauche s’étonne que les députés de Renaissance aient voté contre un amendement qui visait à en acquérir.
Les mesures annoncées le 28 octobre illustrent une fois de plus le fonctionnement d’un pouvoir où le Président décide seul, sans même prévenir ses parlementaires, que cela ridiculise.
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