Info Politis : création de l’Observatoire du racisme et de l’antisémitisme en politique

L’instance sera dévoilée ce vendredi 25 novembre par la militante écologiste Assia Hifi et Nadhéra Beletreche, ex-candidate Nupes de la 9ème circonscription de l’Essonne, .

Hugo Boursier  • 25 novembre 2022
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Info Politis : création de l’Observatoire du racisme et de l’antisémitisme en politique
© Manifestation contre l'extrême-droite à Strasbourg en avril 2022. (Photo : MATHILDE CYBULSKI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP.)

S’armer contre l’extrême droitisation de la parole publique et faire que les personnes racisées et issues des quartiers populaires soient mieux représentées en politique. Telle est la double vocation de l’Observatoire du racisme et de l’antisémitisme en politique (voir ici son compte Twitter) créé par la militante issue du mouvement Les Jeunes Écologistes, Assia Hifi, et l’ex-candidate EELV pour la Nupes de la 9ème circonscription de l’Essonne, Nadhéra Beletreche.

Cette nouvelle instance sera annoncée ce vendredi 25 novembre lors de la soirée organisée par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, avant d’être officiellement détaillée le 3 décembre, jour du 39e anniversaire de l’arrivée de la Marche de l’égalité contre le racisme. Elle a été imaginée cet été, après les élections présidentielle et législatives.

Une période au cours de laquelle le débat public a été percuté par un « racisme décomplexé », explique Assia Hifi, aussi adhérente à EELV. Face à cette situation, qui a notamment abouti à l’élection de 89 députés du Rassemblement national, les deux militantes ont dressé un double constat.

Mettre la pression sur les partis

Le premier renvoie au propos à tenir face aux discours réactionnaires. « On a remarqué que les candidats de gauche éprouvaient quelques difficultés lorsqu’ils étaient confrontés à des propos racistes et antisémites », précise Assia Hifi. « Comme s’il y avait une carence de théorisation de la lutte antiraciste au coeur même des partis politiques ». Une difficulté qui s’explique, selon elle, par « l’absence de candidats antiracistes à gauche ».

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Ce qui l’amène au second constat : « l’acte manqué » de la Nupes au sortir des élections législatives, où les candidats racisés ont été tantôt « débranchés au profit des cadres des différents partis », tantôt « placés sur des circonscription non gagnables ». La cofondatrice avait d’ailleurs signé une tribune, le 22 avril, qui appelaient à « maintenir les candidatures féministes, antiracistes, en situation de handicap, jeune, LGBTQIA+, précaires et des quartiers populaires ».

Pour la militante, qui concède que la Nupes reste une avancée, « les militants des quartiers populaires doivent avoir leur place à l’intérieur des formations politiques pour qu’ils aient un vrai poids à l’extérieur, au moment des investitures, à l’Assemblée, partout ».

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Plafond de verre

Un combat politique et stratégique qui est « complémentaire » avec la bataille des idées, affirme Assia Hifi. « Dès lors qu’on ne règle pas les violences racistes et antisémites en politique, il n’y aura pas de personnes racisées au coeur des institutions. Ce plafond de verre, il faut le détruire », insiste-t-elle.

C’est précisément le but de ce nouvel observatoire, faisant écho avec les initiatives lancées cette année dans le contexte électoral : œuvrer avec les partis, tout en faisant comprendre que l’ autonomie du mouvement antiraciste est non-négociable.

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Une précision qui illustre le rapport de force entre les formations politiques et les mouvements antiracistes, souvent mobilisés opportunément par les partis à l’orée des scrutins, puis mis de côté lors des investitures ou dans l’organigramme interne.

« Cette autonomie est légitime et nous renforce face aux formations politiques qui nous ont trahis et ont étouffé nos revendications. Il faut que les partis la respectent tout en devenant, au cœur des institutions, de vrais porte-voix des luttes par et pour les premiers concernés. Pour l’instant, ce n’est pas le cas », résume la cofondatrice, en contact avec plusieurs collectifs issus des quartiers populaires.

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